Monastère de Patience de Laval

Monastère de Patience de Laval
Fresque figurant Sainte Claire d'Assise, par Simone Martini (basilique Saint François d'Assise)

Le Monastère de Patience de Laval était un monastère de Clarisses Urbanistes pour des religieuses de Sainte Claire situé à Laval qui exista du XVe siècle au XVIIIe siècle.

Sommaire

Présentation

Les religieuses Urbanistes étaient des Clarisses qui suivaient la règle mitigée, donnée par le Pape Urbain IV en 1263. Ce Pape, entre autres adoucissements de la règle primitive donnée à Sainte Claire par Saint François d'Assise, avait permis de recevoir des dons et de posséder des biens et des revenus.

Origine

Guy XV de Laval qui faisait profession d'une dévotion singulière pour Saint François d'Assise, résolut en 1494 de faire une fondation en faveur des religieuses de son ordre qui s'étaient attachées à la règle d'Urbain IV. Il leur destinait le lieu de Patience, voisin du couvent des Frères mineurs de l'observance ou Cordeliers, et que l'on appelait aussi Clos de Paradis. Des causes que nous ignorons l'empêchèrent de mettre ce dessein à exécution.

I y avait alors à Laval plusieurs femmes pieuses, qu'on appelait Sœurs du tiers-ordre de Saint François. Le tiers-ordre fondé à la demande de plusieurs personnes vivant dans le monde, par Saint François d'Assise, avait sans doute été établi à Laval par les Cordeliers qui s'y étaient fixés à la fin du XIVe siècle. En 1497, Guy XV qui n'avait pas abandonné son projet, en faveur des religieuses franciscaines, pensa à réunir en communauté les personnes qui formaient à Laval le tiers-ordre de Saint François et leur fit donation du lieu de Patience.

Fondation

Dans la charte de fondation Guy exigeait que les religieuses de Patience descendissent, à chaque fête du Saint-Sacrement, jusqu'au lieu où la procession avait coutume de passer, se tinssent à genoux pendant son passage et rentrassent ensuite au couvent. Il retenait pour lui et ses successeurs le droit d'entrer dans la maison et d'en sortir quand bon lui semblerait. Il n'exigeait en retour de sa libéralité, que la participation aux trésors de prières des religieuses.

Le texte de cette charte n'est pas clair et l'on n'y voit pas si les Sœurs du tiers-ordre en entrant en communauté embrassèrent la règle du Pape Urbain. On pourrait le croire, car la charte oblige les religieuses à porter des voiles de lin, selon l'usage d'Allemagne et de plusieurs autres provinces et royaumes ; ce qui semble insinuer l'obligation de porter l'habit religieux. Le droit que se réserve Guy d'entrer dans le couvent et d'en sortir à son gré paraîtrait aussi indiquer que les religieuses étaient cloîtrées et avaient entièrement quitté le monde, au milieu duquel il était permis aux sœurs du tiers-ordre de vivre.

Tiers-ordre

Il n'en était pourtant pas ainsi, car outre que nous trouvons postérieurement à la fondation, plusieurs pièces qui donnent encore aux religieuses de Patience le nom de religieuses du tiers-ordre, un document nous apprend que ce ne fut que plus tard que ces religieuses se cloîtrèrent véritablement.

On lit dans un ouvrage, publié à Rome en 1587[1], que les sœurs du couvent de Patience de Laval, continuèrent dans le principe à suivre la règle du tiers-ordre ; plus tard, dit le même ouvrage, elles se cloîtrèrent et l'ont toujours été depuis[2].

Second ordre

Des pièces plus récentes nomment en effet les religieuses de Patience, religieuses de Sainte-Claire, et cette dénomination quoique inexacte fait voir qu'elles avaient abandonné le tiers-ordre. Une déclaration de 1790 dit que : La communauté était sous la règle de Sainte Claire, et du second ordre de Saint François ; celle règle fut d'abord réformée par le Pape Urbain.

Marguerite de La Roë et Marguerite Hatry furent les premières religieuses de Patience. Ce furent elles qui durent veiller aux constructions nécessaires à l'établissement de la communauté et que la fondation de Guy laissait à leur charge. Les commencements furent assez difficiles ; mais en 1517 l'existence de la communauté parut assez assurée et les travaux assez avancés, pour que Marguerite de La Roë put réclamer des donations faites à condition que le couvent serait fait ou érigé.

Construction de l'église

Après la mort de Guy XV, son neveu Guy XVI de Laval continua ses bienfaits au nouvel établissement. Le 20 mars 1522, il donna à Gilles Georget et à Marguerite sa femme, à leur vie durant, sa Courtillerie de la Vivancière, sise en la chatellenie de Courbeveille pour les désister et départir de maisons, terres et jardins situées au lieu de Patience, que jadis leur avait donné le comte de Laval, son oncle, le nouveau couvent ne pouvant sans ces terres et jardins être bonnement cloux ni edifié.

En 1523 l'église était construite et l'office des religieuses s'y faisait régulièrement.

Guillaume Le Doyen indique en 1525 la dédicace de l'évêque de Rennes:

Et le vingt et troisième jour
De juillet, et sans grant séjour,
Monseigneur l'évêque de Rennes
Dédya en bonnes estrennes
La chapelle de Patience
Des dévotes en ma présence.

Tous les autres travaux furent terminés en 1526, et Louis de Bourbon, cardinal, évêque du Mans fit l'érection en clôture le 26 mai de cette année. La confirmation du Pape Clément VII ne fut accordée qu'en 1536. Jamet Neveu fit construire un grand bâtiment[3]. Il y fit faire une chambre pour sa fille qui prit le voile dans cette maison en 1547.

Fortune ?

En 1629, les religieuses avaient vendu une partie d'une maison située entre leur couvent et celui des Cordeliers, qu'elles avaient précédemment achetée. Elles avaient mis dans les conditions de cette vente que le preneur ne pourrait loger es dites choses ou les affermer à aucuns hérétiques, taverniers ou personnes mal notées, ou qui tinssent brelans ou jeu de courte boulle, billes ou quilles. Mais elles pensèrent qu'en vendant cette maison elles ne pourraient par la suite faire aucune augmentation de ce côté à leur couvent, et obtinrent de l'acheteur qu'il résiliât son marché. La fortune des religieuses de Patience ne fut jamais bien considérable. Un état de 1530 à 1536 fait monter les revenus de biens fonds à 167 livres 13 sous, et les rentes à 180 livres.

Dans une supplique qu'elles adressent en 1609 aux commissaires ordonnés par le roi en la chambre du trésor à Paris, sur le fait et liquidation de ses droits et devoirs des fiefs et nouveaux acquêts, elles déclarent que tous leurs revenus ne reviennent ensemble qu'à la somme de 515 livres tournois[4]. Par une déclaration faite en 1727, en exécution de l'arrêt du conseil d'état du 19 avril 1727, elles disent qu'elles sont vingt-six religieuses, qu'elles possèdent en héritages affermés 864 livres de rente, en héritages non affermés 1315, en total 2179 livres[5].

Religieuses

Dans le nombre des religieuses qui prirent le voile dans la maison de Patience pendant environ trois siècles que dura cette communauté, on en vit plusieurs de familles distinguées.

Marguerite de La Roë qui fut la première supérieure et que l'on peut regarder comme la fondatrice, était fille de Jehan de La Roë, seigneur de Thorigné.

Philippe de Laval fut plusieurs fois abbesse. Elle était fille de noble et puissant seigneur Guy de Laval-Lezay, seigneur et baron de Lezay, etc., et de Claude de La Jaille. Elle entra en religion le 24 juillet 1532.

Anne de Cotte-Blanche fut également une des premières bienfaitrices. Elle était d'une ancienne famille du duché de Mayenne.

Les supérieures prenaient le titre d'abbesses. Elles étaient nommées pour trois années. Il y en eut plusieurs qui gouvernèrent la communauté à diverses reprises.

Bibliographie

  • LA RÈGLE ET STATUTS DES RELIGIEUSES DE SAINTE CLAIRE, avec la modification ou exposition des Papes Eugène quatrième et Léon dixième sur icelle, pour l'usage des dames religieuses de Patience de Laval. À Laval, par Robert Cormier, imprimeur du roy et de Mgr le duc de la Trémoïlle, 1651. Avec permission. La vignette représente Sainte Claire portant l'ostensoir ; aux angles les mots SANCTA CLARA ORA PRO NOBIS. Le titre et toutes les pages sont encadrés de filets. Le volume contient 68 p. in-4°[6] ;

Source

  • Mémorial de la Mayenne, 1845, Godbert, Laval, p. 218-220.

Notes et références

  1. Exercpta è libro de origine seraphicae religionis Franciscanae, anctore F. Francisco Gonzaga ejusdem religionis ministro generali. Rome, 1587.
  2. L'auteur n'a pas indiqué d'une manière précise la date de cet important changement. On peut croire qu'il eut lieu vers le milieu du XVIe siècle. Il se forma en effet vers le commencement de ce siècle, des congrégations de tierçaires , où l'on vivait en communauté de biens , faisant les trois vœux de pauvreté , de chasteté et d'obéissance. Ces congrégations furent érigées en corps de religion. Ainsi outre le tiers-ordre séculier , il y en avait un régulier de l'un et de l'autre sexe , que Léon X confirma par une bulle en 1521. Les religieuses de Patience en entrant en communauté étaient donc restées du tiers-ordre et c'est à bon droit que l'on continua à leur en donner le nom , jusqu'à ce qu'elles eussent embrassé la règle du second ordre ou des Clarisses, mitigée par le Pape Urbain IV.
  3. Qui existait encore au XIXe siècle.
  4. Sur laquelle somme il leur faut nourrir et entretenir jusqu'au nombre de trente-cinq filles religieuses, deux servantes et deux jardiniers, quatre chapelains, un receveur et homme d'affaires : que sans les aumônes qui leur sont faites, elles ne pourraient vivre; que pendant les dernières guerres elles n'ont pu jouir de leurs revenus à cause des incursions et dégâts des gens de guerre qui rendaient leurs biens vaques et inhabités , volaient les bestiaux et ravageaient leurs terres.
  5. Avec diverses autres rentes foncières et féodales le revenu annuel de la maison revenait à la somme de 3078 livres 18 sous 4 deniers. Elles ne recevaient alors aucune aumône, et le produit du travail manuel était presque nul, car la meilleure partie de leur temps était employée à réciter le bréviaire romain et à beaucoup d'autres observances : n'ayant au-dedans aucune servante , chaque religieuse occupée par son emploi ne pouvait se livrer au travail , et le peu de temps qui restait à quelques-unes était employé au filage des laines destinées aux étoffes nécessaires pour l'entretien de chaque religieuse.
  6. L'abbé Angot indique que l'ouvrage est disponible à la Bibliothèque municipale de Laval, et que ce volume est passé plusieurs fois, à ma connaissance, dans les catalogues de livres d'occasion, ou de bibliothèques particulières.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Monastère de Patience de Laval de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Laval (Mayenne) — Pour les articles homonymes, voir Laval. 48° 04′ 24″ N 0° 46′ 08″ W …   Wikipédia en Français

  • Guy XV De Laval — Pour les articles homonymes, voir Guy de Laval. Guy XV de Laval, ou encore François de Laval Montfort[1], (16 novembre 1435, Moncontour 28 janvier 1501, Laval …   Wikipédia en Français

  • Guy XV de Laval — Pour les articles homonymes, voir Guy de Laval. Guy XV de Laval, à l origine François de Laval Montfort[1], né le 16 novembre 1435 à Moncontour (Côtes d Armor), mort le 28 janvier 1501[2 …   Wikipédia en Français

  • Guy xv de laval — Pour les articles homonymes, voir Guy de Laval. Guy XV de Laval, ou encore François de Laval Montfort[1], (16 novembre 1435, Moncontour 28 janvier 1501, Laval …   Wikipédia en Français

  • Comté de Laval — 1429 – 1790 Informations générales Statut Comté du royaume de France Capitale Laval Histoire et évènements 17 juillet 1429 Création du comté par Charl …   Wikipédia en Français

  • Guy-Urbain de Laval-Montmorency — Maison de Laval Lezay < Article principal : Deuxième maison de Montmorency Laval Maison de Laval Lezay La Deuxième maison de Montmorency Laval est une branche cadette de la famille de Laval qui commence à Mathieu II de Montmorency.… …   Wikipédia en Français

  • Guy André de Montmorency-Laval — Maison de Laval Lezay < Article principal : Deuxième maison de Montmorency Laval Maison de Laval Lezay La Deuxième maison de Montmorency Laval est une branche cadette de la famille de Laval qui commence à Mathieu II de Montmorency.… …   Wikipédia en Français

  • Guy de Laval-Lezay — Maison de Laval Lezay < Article principal : Deuxième maison de Montmorency Laval Maison de Laval Lezay La Deuxième maison de Montmorency Laval est une branche cadette de la famille de Laval qui commence à Mathieu II de Montmorency.… …   Wikipédia en Français

  • Hilaire de Laval-Montmorency — Maison de Laval Lezay < Article principal : Deuxième maison de Montmorency Laval Maison de Laval Lezay La Deuxième maison de Montmorency Laval est une branche cadette de la famille de Laval qui commence à Mathieu II de Montmorency.… …   Wikipédia en Français

  • Maison de Laval-Lezay — < Article principal : Deuxième maison de Montmorency Laval Maison de Laval Lezay La Deuxième maison de Montmorency Laval est une branche cadette de la famille de Laval qui commence à Mathieu II de Montmorency. Mathieu II de Montmorency a… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”