Antoine Fabre d'Olivet

Antoine Fabre d'Olivet
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Antoine Fabre d’Olivet
Fabre dolivet.jpg
Naissance 8 décembre 1767
Ganges (Languedoc)
Décès Paris
27 mars 1825 (à 57 ans)
Langue d'écriture Français, occitan
Œuvres principales
  • La Langue hébraïque restituée
  • La Musique expliquée

Antoine Fabre d’Olivet, né le 8 décembre 1767 à Ganges et mort le 27 mars 1825 à Paris, est un écrivain, philologue et occultiste français. L’importante partie de sa production qu’il a, comme écrivain et philologue, consacrée à la langue occitane, fait de lui un des précurseurs de la renaissance du Félibrige.

Sommaire

Sa vie et son œuvre

Protestant cévenol, de la même famille que Jean Fabre (de Nîmes), fils d’un riche fabricant de bas de soie venu commercer à Paris, il s’intéresse très tôt à la musique et aux belles-lettres. Patriote en 1789, il fait jouer plusieurs pièces révolutionnaires, puis renonce à la politique en 1791. Après la faillite de la maison familiale, Fabre d’Olivet tente de vivre de sa plume en fondant plusieurs journaux, parmi lesquels L’Invisible et Le Palladium de la Constitution. Il publie un roman et plusieurs œuvres musicales.

S’intéressant de plus en plus à la théosophie et à la philologie, il prépare La Langue hébraïque restituée et travaille sur La Musique expliquée.

Fabre d’Olivet prétendait avoir retrouvé le vrai sens de la langue hébraïque, qui était, disait-il, restée ignorée jusqu’à lui. Dans son ouvrage clef, La Langue hébraïque restituée, il reprend le cours historique du peuple hébreu et détaille la fracture linguistique de ce peuple suite à l’Exode après la chute de Jérusalem. Fabre d’Olivet estime qu’à la suite de l’Exode, l’esprit de la langue hébraïque a été perdu, sauf chez les Esséniens qui auraient gardé la compréhension orale des racines hébraïques. Il reprend dès lors, à partir de zéro, l’ensemble de la grammaire hébraïque ainsi que l’étude des racines hébraïques en faisant un effort de systématisation digne.

Bien que ce livre hétérodoxe ne soit pas considéré comme une référence dans les études sur la langue hébraïque biblique, il a fait l’objet de nombreuses rééditions et reste une pièce maîtresse de l’ésotérisme occidental de ces deux derniers siècles.

Fabre d’Olivet publie également un ouvrage, Caïn, dans lequel il traduit et commente le célèbre poème de Lord Byron. Les commentaires de Fabre permettent d’éclairer les concepts métaphysiques abordés dans la traduction de la Genèse de La Langue Hébraïque restituée.

La préoccupation de Fabre d’Olivet pour l’étude de la musique l’amène aussi à approfondir sa conception de l’ouïe. Il va jusqu’à prétendre pouvoir guérir des sourds-muets par une méthode secrète et publie à ce sujet l’étude d’un cas clinique en 1811.

À la fin de sa vie, il fonde un culte nouveau, le culte théodoxique, sur lequel il publie deux ouvrages importants, L’Histoire philosophique du genre humain et La Théodoxie universelle. L’Histoire philosophique du genre humain est un essai de reconstitution de l’évolution de la pensée humaine à partir de déterminants significatifs selon Fabre d’Olivet. Il tente de mettre en exergue différentes phases récurrentes dans le devenir humain sur la très longue durée, phases qui alternent notamment des périodes dominées par la Nécessité ou la Providence.

Il fait aussi une traduction des Vers dorés de Pythagore, accompagnée de commentaires sur l’initiation pythagoricienne. Les Vers dorés ont été publiés sous forme de feuilleton dans la revue Le Voile d’Isis, organe hebdomadaire du Groupe indépendant d'études ésotériques de Paris, dirigé par Papus, du numéro 15 (25 février 1891) au no 30 (9 septembre 1891). En effet, Papus fut très influencé par la pensée de Fabre d’Olivet, à l’instar de nombreux d’occultistes tels que’Éliphas Lévi.

Antoine Fabre d’Olivet meurt foudroyé d’une attaque d’apoplexie. Sa tombe au cimetière du Père-Lachaise est surmontée d’une colonne brisée.

L’occitanisme de Fabre d’Olivet

Plaquette rédigée en occitan sur la maison natale de Fabre d’Olivet à Ganges (Hérault).

Originaire de Gange, Fabre d’Olivet maîtrisait parfaitement la langue d’oc. Son œuvre en occitan et sur l’occitan a été particulièrement étudiée par Robert Lafont. En 1787 il composa un poème : Força d’amour (Fòrça d’amor, en graphie classique)[1]. Voulant être « l’Ossian de l’Occitanie »[2] il publie Le Troubadour, poésie occitanique du XIIIe siècle, une supercherie qui ne sera dénoncée par le grand philologue provençal Raynourd qu’en 1824[3] alors que la ficelle était grosse : Fabre d’Olivet explique avoir reçu le manuscrit des mains d’un certain Rescondut (« caché » en occitan). L’auteur remet par la même occasion en vogue le mot médiéval d’« occitan(ique) » alors que « provençal », « patois » ou « langue d’oc » étaient alors privilégiés. Le texte est en français émaillé de poèmes de l’auteur en langue d’oc. Pour Lafont, Fabre d’Olivet « sait lire les troubadours et devance sûrement l’érudition romantique » ; et « Protestant, philosophe et républicain, il est très ému par le souvenir de la croisade albigeoise. À cette émotion il gagne la vision d’une nation sacrifiée, dont il se sent le restaurateur.[4].

Fabre d’Olivet composa également un poème philosophique (La Podestat de Dieu) puis, dans la veine romantique des frères Grimm, la pichòta masca (« la petite sorcière »). Enfin, l’un des gros morceaux de sa production occitaniste fut La Langue d’oc rétablie dans ses principes constitutifs, somme philologique mais aussi qui « contient sa part de délire » selon Lafont : véritable plaidoyé mais qui implique un rapprochement entre hébreu et occitan comme proches de la langue originelle de l’humanité [5].

Notes

  1. Lafont, Op. cit., p. 516.
  2. Lafont, Op. cit., p. 517.
  3. Lafont, ibid.
  4. Op. cit., p. 517.
  5. Lafont, Op. cit., p. 517.

Ouvrages

  • Le Quatorze de juillet 1789, fait historique en 1 acte et en vers, Paris, Théâtre des Associés, juillet 1790.
  • Toulon soumis, fait historique, opéra en un acte, Paris, Théâtre national de l’Opéra, 4 mars 1794 Texte en ligne
  • Le Sage de l’Indostan, drame philosophique en 1 acte et en vers, mêlé de chœurs de musique, Paris, Institut national des aveugles-travailleurs, thermidor an IV (1796)
  • Azalaïs et le gentil Aimar, histoire provençale, traduite d’un ancien manuscrit provençal, Maradan, Paris, 1798,
  • Lettres à Sophie sur l’histoire (2 vol., 1801). Réédition : L’Âge d’homme, Lausanne, 2009.
  • Le Troubadour, poésies occitaniques (1803). Réédition : Lacour, Nîmes, 1997.
  • Notions sur le sens de l’ouïe en général, et en particulier sur la guérison de Rodolphe Grivel, sourd-muet de naissance en une série de lettres écrites par Fabre d’Olivet (1811) Texte en ligne
  • Les Vers dorés de Pythagore, expliqués et traduits pour la première fois en vers eumolpiques français, précédés d’un Discours sur l’essence et la forme de la poésie, chez les principaux peuples de la terre (1813). Réédition : L’Âge d’homme, Lausanne, 1991. Texte en ligne
  • La Langue hébraïque restituée et le véritable sens des mots hébreux rétabli et prouvé par leur analyse radicale, ouvrage dans lequel on trouve réunis : (1) une dissertation sur l’origine de la parole ; (2) une grammaire hébraïque ; (3) une série de racines hébraïques ; (4) un discours préliminaire ; (5) une traduction en français des dix premiers chapitres du Sépher, contenant la Cosmogonie de Moyse (1815). Réédition : L’Âge d’homme, Lausanne, 1985. Texte en ligne 1 2
  • De l’état social de l’homme, ou Vues philosophiques sur l’histoire du genre humain, précédées d’une dissertation introductive sur les motifs et l’objet de cet ouvrage (2 vol., 1822) Texte en ligne 1 2
  • Caïn, mystère dramatique en trois actes de lord Byron, traduit en vers français et réfuté dans une suite de remarques philosophiques et critiques (1823). Réédition : Slatkine, Genève, 1981.
  • Histoire philosophique du genre humain, ou L’homme considéré sous ses rapports religieux et politiques dans l’état social, à toutes les époques et chez les différents peuples de la terre, précédée d’une dissertation introductive sur les motifs et l’objet de cet ouvrage (2 vol., 1824). Réédition : Éditions traditionnelles, Paris, 1966.
  • Le Retour aux beaux-arts, dithyrambe pour l’année 1824 (1824)
Publications posthumes
  • La Musique expliquée comme science et comme art et considérée dans ses rapports analogiques avec les mystères religieux, la mythologie ancienne et l’histoire de la terre (1896). Réédition : L’Âge d’homme, Lausanne, 1974. Texte en ligne
  • La Vraie Maçonnerie et la céleste culture, texte inédit avec introduction et notes critiques par Léon Cellier, Presses universitaires de France, Paris, 1952 ; La Proue, Lausanne, 1973.
  • Mes souvenirs, Boumendil, Nice, 1977.
  • Miscellanea Fabre d’Olivet (1). Oratorio à l’occasion de la fête du sacre et du couronnement de S.M. l’Empereur. Prédictions politiques. Idamore ou le Prince africain. Vers à mes amis pour le jour de ma fête, publié par Gilbert Tappa, Boumendil, Nice, 1978.
  • Miscellanea Fabre d’Olivet (2). Antoine Fabre d’Olivet et les concours de l’Institut : Discours sur les avantages et les inconvénients de la critique littéraire. Dissertation sur le rythme et la prosodie des anciens et des modernes, publié par Gilbert Tappa, Boumendil, Nice, 1982.
  • La Langue d’Oc rétablie dans ses principes, Steinfeld, Ganges, 1989.

Bibliographie

  • Christian Anatole, Robert Lafont, Nouvelle histoire de la littérature occitane, Paris, P.U.F., 1970.
  • Léon Cellier et Jean-Claude Richard (éd.), Fabre d’Olivet (1767-1825) : Contribution à l’étude des aspects religieux du romantisme, Nizet, Paris, 1953. Réédition : Slatkine, Genève, 1998 (ISBN 2051016399)
  • Jean Pinasseau, Lettres et documents inédits pour servir une biographie de A. Fabre d’Olivet, Issy-les-Moulineaux, 1931. Extrait du Bulletin de l’histoire du protestantisme, no 3, juillet-septembre 1931.
  • Sédir, Éléments d’hébreu, d’après la méthode de Fabre d’Olivet, Ollendorff, Paris, 1901.
  • Valérie Van Crugten-André, « Les Aveugles dans la littérature française du XVIIIe siècle. Autour du Sage de l’Indostan de Fabre d’Olivet » in Voir, Ligue Braille (Belgique), no 18, mai 1999, p. 46-53.
  • Philippe Gardy, L’Exil des origines. Renaissance littéraire et renaissance linguistique en pays de langue d’oc aux XIXe et XXe siècles, 2006 (ISBN 2867813956)
  • Philippe Gardy, « L’Œuvre poétique occitane d’Antoine Fabre d’Olivet : sujet littéraire et sujet linguistique » in L’Occitanie Romantique, Actes du colloque de Pau, 1994, Annales de Littérature Occitane 3, CELO, Pau, 1997, p. 147-165.
  • « Fabre d’Olivet (1767-1825), poète occitaniste, hébraïsant et théosophe », Revue La France latine, Revue d’études d’oc, no 138, 2004.
  • Georg Kremnitz, « Fabre d’Olivet reconsidéré », Revue Lengas, 18, 1985, p. 408-421.
  • André Tanner (éd.), Gnostiques de la révolution. Tome II : Fabre d’Olivet, Egloff, Paris, 1946.

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