Masjid Al-Aqsa

Masjid Al-Aqsa

Mosquée al-Aqsa

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Mosquée Al-Aqsa de Jérusalem
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Nom local المسجد الأقصى (Al-Masjid Al-Aqsa)
Latitude
Longitude
31° 46′ 34″ Nord
       35° 14′ 08″ Est
/ 31.776111, 35.235556
 
Pays Palestine
Ville Jérusalem
Culte Islam
Type Mosquée
Début de la construction 1035
Style(s) dominant(s) Architecture islamique
Classé(e) Patrimoine mondial (1981, vieille ville de Jérusalem)
Localisation
  Géolocalisation sur la carte : Palestine
Palestine location map.svg
Mosquée al-Aqsa

La mosquée al-Aqsa ou al-Aksa (en arabe : المسجد الاقصى, al-masjid al-Aqsa, le terme al-Aqsa étant généralement traduit en français par : « la plus lointaine » ) est une mosquée construite au VIIe siècle à Jérusalem (al-Quds) . Elle fait partie, avec le Dôme du Rocher, d'un ensemble de bâtiments religieux construit sur l'esplanade des mosquées. Il s'agit de la plus grande mosquée de Jérusalem, où cinq mille fidèles peuvent prier, le site dans sa totalité peut accueillir plusieurs centaines de milliers de personnes[1]. L'esplanade des mosquées (Haram al-Sharif) est le troisième lieu saint de l'islam, après La Mecque et Médine.

Sommaire

Un emplacement symbolique

La mosquée al-Aqsa est située sur un lieu très symbolique, puisqu'il s'agit, selon la tradition juive, de l'emplacement du temple de Salomon, reconstruit par Hérode au Ie siècle av. J.-C., avant d'être détruit en 70 par les Romains. Le mur des lamentations témoigne de ce passé, et certains éléments montrent que la mosquée fut construite sur les ruines du bâtiment annexe (le chanuyos) de l'ancien Temple[réf. nécessaire]. En effet, la mosquée semble avoir été édifiée sur une « une structure hérodienne en forme de basilique romaine classique »[2]

Les historiens de l'art affirment que durant la période chrétienne, le lieu fut laissé à l'abandon, sans doute pour marquer le triomphe du christianisme sur l'ancienne religion[3]. Selon eux, ce n'est qu'avec l'arrivée de l'islam que l'esplanade des mosquées est à nouveau utilisée pour des édifices religieux. Ce fait est confirmé par l'étude d'Andreas Kaplony sur les sources historiques, qui indiquent que l'esplanade du Temple, sous les Byzantins, avait été négligée et qu'il s'agissait d'un lieu de non-architecture, où la nature avait repris ses droits. Toujours selon cette étude, il semble que les juifs de la ville ait tenté, sous Julien l'Apostat (règne de 361 - 363) puis lors de l'occupation sassanide de la ville (614 - 628) d'y reconstruire un temple, en vain[4]. Certains guides touristiques affirment, suivant une opinion récurrente dans les ouvrages du XIXe siècle, qu'une église avait été établie à cet emplacement en 530 par l'empereur Justinien[5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15].

La tradition musulmane, à partir du milieu du VIIIe siècle environ, associe Jérusalem et l'esplanade du Temple à la masjid al-Aqsa, que, lors du Isra et Miraj, Mahomet aurait atteint à la suite de son voyage nocturne depuis La Mecque, et depuis laquelle il aurait entrepris l'ascension jusqu'au septième ciel, comme l'indique le Coran (17, 1) : « Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur Mohammed, de la Mosquée Al-Haram à la Mosquée Al-Aqsa dont Nous avons béni l'alentour, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. C'est Lui, vraiment, qui est l'Audient, le Clairvoyant. » Ce serait plutôt vers le dôme du Rocher que vers la mosquée en elle-même que s'est focalisée cette tradition, le terme masjid ne désignant pas seulement la mosquée en tant qu'architecture mais aussi tout lieu saint[16].

Certains ont suggéré que la « mosquée Al-Aqsa » mentionnée dans le Coran n'était pas celle de Jérusalem, thèse que l'on retrouve dans l’article de Ahmed Mohammed Arafa, chroniqueur de l’hebdomadaire égyptien Al-Qahira (5 août 2003)[17]. L’auteur y soutient que la sourate, dite "Du voyage nocturne", ne fait pas référence au voyage miraculeux de la Mecque à Jérusalem, mais à l’émigration du Prophète (Hégire) de la Mecque à Médine. Le Prophète s’était bien tourné pour prier vers Aelia (Jérusalem), ville de culture juive, mais Jérusalem n’avait pas encore été conquise par les musulmans. Il se serait alors détourné de cette direction pour la prière (qibla) pour s’orienter de Médine vers la mosquée, "la plus lointaine" (Al Aqsâ) soit celle d’Al Haram à la Mecque. Le changement de la la direction de la qibla de Jérusalem vers la Mecque par Mahomet est en effet bien attesté dans les hadith, mais rien a priori ne le met en relation avec le masjid al-Haram mentionné dans le Coran ; rien non plus n'indique que celui-ci est bien Jérusalem, cette tradition apparaissant dans les sources au VIIIe siècle seulement </ref> Ce serait à des fins politiques que bien plus tard le calife Abd El-Malik fit construire une nouvelle mosquée à Jérusalem comme nouveau lieu de pèlerinage, dans le but de détourner le peuple des pèlerins de La Mecque alors dominée par son rival le Ibn Al-Zubayr Marwan. Cette idée d'un détournement de pèlerinage, soutenue par des sources abbasides du IXe siècle hostiles à la dynastie omeyyade, a été invalidée par la plupart des chercheurs[18].

Les différentes phases de construction

Arculfe nous livre une description du lieu, entre 679 et 688 : « Sur le lieu du Temple, proche du mur est, les Sarrasins fréquentent une maison de prière carrée, construite rudimentairement, en poutres et en planches. Cette maison peut accueillir trois mille hommes en même temps[19]. » C'est sans doute sur l'impulsion du calife Abd al-Malik (685 - 705), constructeur du dôme du Rocher, ou de son fils al-Walid Ier (705 - 715) qu'est édifiée la première mosquée en dur[20]. Si l'on en croît l'historien al-Muqaddasi, le calife aurait souhaité cette reconstruction pour éviter le contraste entre la mosquée et le dôme.

Selon Myriam Rosen Ayalon, cette première phase était fort différente de la construction actuelle, puisqu'il s'agissait d'un plan à trois nefs parallèles à la qibla, comme à la grande mosquée des Omeyyades de Damas, quelques années plus tard[21]. À cette époque, la mosquée devait être directement reliée au palais de la ville, le dar al-imarat (découvert dans les années 1970) par un passage voûté derrière le mihrab principal. Un séisme la détruit presque totalement en 748.

Sous la dynastie abbasside, les nefs de la mosquée changent d'orientation. Avec la construction d'al-Mahdien, en 780, quinze travées perpendiculaires au mihrab composent le lieu de prière, dont une magnifiée au centre. Un tremblement de terre, en 1033, la détruit à nouveau. La mosquée est, une fois de plus, reconstruite. Jérusalem étant prise lors des croisades en 1099, la mosquée n'est pas détruite, mais sert de palais appelé « temple de Salomon » et, en 1119, elle devient le siège de l'ordre du Temple.

Suite à la reconquête musulmane de la ville en 1187, une dernière reconstruction, en 1217 - 1218, donne à l'édifice son aspect actuel : une nef centrale, surmontée d'un dôme et bordée de part et d'autre de trois travées. Ne reste d'ancien que le mur de la qibla, toujours préservé durant les siècles, puisqu'il remployait déjà le mur préislamique au sud de l'esplanade du Temple.

Époque moderne

Entre 1969 et 1983, le dome de la mosquée al-Aqsa était recouvert d'aluminium par anodisation, ce qui lui donnait un aspect argenté. En 1983, il a retrouvé son revêtement d'origine en plomb, de couleur gris foncé.

Le décor de bois sculpté

Les bois sculptés du plafond de l'édifice datent sans doute de la période omeyyade. Ils constituent donc l'un des seuls témoignages de l'art du bois à cette époque, avec ceux du Khirbat al-Mafjar. Constitués de motifs végétaux traités avec naturalisme, ils rappellent notamment les mosaïques voisines du dôme du Rocher, et les sculptures du château de Mshatta.

Les bois sculptés participaient sans doute d'un décor bien plus vaste, avec des mosaïques et du marbre, comme on en voit encore au dôme du Rocher ou à Damas. Néanmoins, ceux-ci n'ont pas été conservés.

Les tensions actuelles

La mosquée al-Aqsa entre 1890 et 1900

Le 21 août 1969, un chrétien australien, Michael Denis Rohan, met le feu à l'édifice afin de faire place au troisième temple. Les dégâts, importants, purent être réparés.

Le mur des Lamentations, lieu saint de la religion juive, faisant partie du mur d'enceinte de la mosquée, cette zone relativement restreinte de Jérusalem peut être source de tensions entre communautés. Une seule route, dont l'accès est interdit aux non-musulmans, mène à la mosquée. Israël autorise l'accès à la mosquée uniquement aux hommes et aux femmes mariés, respectivement agés d'au moins 50 et 45 ans.

La mosquée al-Aqsa, comme le reste de la vieille ville de Jérusalem, est sous contrôle israélien depuis 1967. La gestion de l'ensemble de l'esplanade des mosquées est confiée à un waqf, fondation religieuse islamique, contrôlé par la Jordanie. Lors des accords de Wadi Araba, Israël a confirmé celui-ci dans ses fonctions et garantit à la Jordanie le rôle privilégié de garante des lieux saints musulmans dans de futures négociations de paix israélo-palestiniennes.

Controverse

Depuis la première de 1938 effectuée par l'Américain Edward Robinson, plusieurs autres fouilles ont eu lieu dans la zone sud et sud ouest du Mont du Temple mais jamais sous l'esplanade des mosquées où se trouve la mosquée al-Aqsa[22],[23]. Pourtant, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) considère qu'elles menacent ses fondations.

Une autre partie de la mosquée est menacée à l’est où une porte et des escaliers menant vers un autre tunnel sont en cours de construction pour installer une synagogue à la place du lieu de prière Al-Marwanî. Une autre synagogue est prévue à la place de la médersa Tankaziyya, située à l’ouest de l’enceinte de la moquée Al-Aqsa. La médersa Tankaziyya, bâtie en 1329 est l’un des joyaux de l’architecture musulmane. Le plan indiqué par l'Etat d'Israël prévoit également de détruire une partie du cimetière Ar-Rahma, située à l’est de la mosquée, pour construire une station de téléfériques [24] [25] [26]. C’est dans ce cimetière que sont enterrées des personnalités musulmanes ainsi que des compagnons de Mahomet[27] [28]

Notes et références

  1. Le 31 décembre 1999, plus de 400 000 musulmans ont assisté à la prière du vendredi [1]. Voir aussi [2]
  2. Rosen-Ayalon, M. Art et archéologie islamiques en Palestine, Paris : PUF, 2002, p. 34 ; Grafman, R. ; Rosen-Ayalon, M., « The Two Great Syrian Umayyad Mosques: Jerusalem and Damascus », in Muqarnas: An Annual on the Visual Culture of the Islamic World, XVI, 1-15. lisible sur archnet.org
  3. Oleg Grabar, Le dôme du Rocher, joyau du monde islamique, 1997.
  4. Kaplony, Andreas. The haram of Jerusalem, 324 - 1099. Temple, friday mosque, area of spiritual power. Stuttgart : Franz Steiner Verlag, 2002. voir notamment chapitres A.1, p. 23 - 31 et B.1, p. 179 - 208.
  5. « Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient » par Adolphe Laurent Joanne, Émile Isambert Publié par Librairie de L. Hachette, 1861 1104 pages,page 143
  6. « Le Correspondant » Publié par , 1865, page 828, [3]
  7. « Constantinople, Jerusalem et Rome » par François Pierre Publié par , 1860, page 260
  8. « Bulletin de la Société de géographie » par Société de géographie (France) Publié par Société de géographie, 1860 Notes sur l'article: ser.4 v.19 1860, page 392
  9. « En Orient ; souvenirs de voyage, 1858-1861 : souvenirs de voyage, 1858-1861 » par Fernand de Schickler Collaborateur Maurice Loignon, Alfredo Adolfo Camús Publié par M. Lévy, 1863, 390 pages, page 224
  10. Voyage religieux en orient, Publié par , 1853, page 205, http://www.google.com/books?id=hF4BAAAAQAAJ&pg=RA2-PA205&dq=el+aksa+basilique+justinien&lr=&as_brr=3&hl=fr
  11. « Annales de philosophie chrétienne » par Charles Denis, Augustin Bonnetty, R. P. Laberthonnière Publié par Roger et Chernoviz, 1860 Notes sur l'article: 61e v.:[31e annee]:5e ser.:t.2 (1860), page 58
  12. « La Terre-Sainte : voyage dans l'Arabie Pétrée, la Judée, la Samaria, la Galilée, et la Syrie » par Jean Jacques Bourassé, Karl Girardet Edition : 2 Publié par Alfred Mame et fils, 1867 576 pages, page 196
  13. « Voyages en Orient : Jérusalem » Par Damas (André), le r.p. de Damas Publié par Putois-Cretté, 1866. 508 pages, page 86
  14. « Études sur l'histoire de l'art » par Louis Vitet Publié par M. Lévy frères, 1864 Notes sur l'article: v. 2, page 244
  15. Michael Kohn, Israel & the Palestinian Territories, Lonely Planet, 2007, ISBN 1864502770, 9781864502770, 448 pages. p. 95 Sur google books
  16. Garbar, Oleg. La formation de l'art islamique. Paris : Flamarion, 2000, "Champs", p. 74 - 75
  17. [4]
  18. cf Dôme du Rocher#Les raisons de l'érection
  19. (en) The Pilgrimage of Arculfus in the holy Land. Consulté le 3 aout 2008
  20. Bacharach, Jere L. Marwanid umayyad building activities : speculations on patronage. Muqarnas, 1996. Myriam Rosen-Ayalon estime que le projet est bien d’Abd al-Malik, mais que la majeure partie de la réalisation s'est effectuée sous son successeur
  21. Rosen Ayalon, Myriam. Art et archéologie islamiques en Palestine. PUF, 2002
  22. (en) John M. Lundquist, The Temple of Jerusalem: past, present, and future, Greenwood Publishing Group, 2008, 298 p. (ISBN 0275983390), p. 46 
  23. (en)Jerusalem Archaeological Park, « The History of Excavations in the Ophel and in the Areas South and Southwest of the Temple Mount ». Consulté le 7.8.2009
  24. http://www.newsoftomorrow.org/spip.php?article5316
  25. http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4945
  26. http://www.tunisia-today.com/archives/35985
  27. http://www.ism-france.org/news/article.php?id=11142&type=communique&lesujet=Monuments%20historiques
  28. http://www.enfantsdepalestine.org/ar,892
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