Marie-jeanne riccoboni

Marie-jeanne riccoboni

Marie-Jeanne Riccoboni

Marie-Jeanne Riccoboni, (25 octobre 1713 - Paris,7 décembre 1792 est une comédienne et romancière française.

Noms et pseudonymes

Marie-Jeanne de Riccoboni a porté plusieurs noms et pseudonymes. La Bnf retient la forme internationale "'Riccoboni'" pour le nom, "Marie-Jeanne" pour le prénom, "1713-1792" pour la date de naissance[1].

Patronymes

  • Marie de La Boras
  • Marie-Jeanne Laboras de Mézières
  • Marie-Jeanne de Laboras de Mézières
  • Marie-Jeanne de Heurles de Laboras
  • Marie Jeanne de Heurles Laboras de Mezières[2]

Nom d'alliance

  • Madame Riccoboni

Pseudonyme

  • Adélaïde de Varançai[3]
  • ***, Madame de

Biographie

Ses parents, Marie-Marguerite Dujac, parisienne, et Christophe de Heurles du Laboras, ou du Labourat, bourgeois de la ville de Troyes[4], se sont mariés le 29 avril 1710 à Paris en l’église de Sainte Croix, dans l’île de la Cité (référence). Leur fille, Marie-Jeanne de Heurles de Laboras, fut baptisée le 26 octobre 1713, lendemain de sa naissance, à la paroisse Saint Eustache, dans ce qui sera le quartier moderne des Halles, et qui restera sa paroisse sa vie durant. Elle se mariera et sera ensevelie dans l’enceinte de la même église.

Son père, condamné pour bigamie le 4 juin 1714, dut revenir auprès de sa première épouse à Troyes. L'enfant et sa mère furent de fait abandonnées et Marie-Jeanne déclarée fille d’une liaison illégitime. La jeune fille fut mise dans une institution religieuse et destinée au cloître. Elle manifesta son refus de se conformer à la décision prise et sa mère dut l’en retirer à l’âge de quatorze ans, en 1728. Ses relations avec sa mère furent très difficiles. Sa mère vivait mal le fait d’avoir à ses côtés une jeune et jolie fille qui lui faisait de l’ombre (références).

Le 7 juillet 1734, Marie-Jeanne épouse Antoine-François Riccoboni, fils de Luigi Riccoboni, le célèbre acteur et directeur de la Comédie italienne. Marie-Marguerite Dujac, sa mère devenue nécessiteuse (référence), vivait avec le couple. Marie-Jeanne la soignera jusqu’à sa mort en 1769.

Le mariage fut malheureux : les gazetiers du siècle rapportent que l'époux était fantasque, extravagant et parfois brutal (référence). Marie-Jeanne accompagnera son époux jusqu'à son décès en 1772.

Il semble que Marie-Jeanne Riccoboni ait eu dans ce temps-là une passion malheureuse pour le comte de Maillebois, passion sans lendemain : le comte épousa la fille unique du marquis d’Argenson.

Probablement en 1764, elle rencontre Robert Liston, jeune diplomate, qui a trente ans de moins qu’elle (il est né en 1742). Leur conformité d’opinions et de goût, le sentiment d’avoir trouvé en lui tout l’idéal masculin qu’elle avait constamment essayé de définir dans ses romans fera qu’elle éprouvera pour lui une passion platonique, à la fois maternelle et amoureuse.

Une vie d'artiste et d'intellectuelle

L'actrice

Par son mariage avec Antoine-François Riccoboni, Marie-Jeanne de Heurles de Laboras entre dans une famille d’artistes et d’intellectuels renommés. Elle monte pour la première fois sur la scène le 23 août 1734. De son propre aveu, elle n’était guère douée pour la comédie et fut une actrice froide. Elle ajoute dans sa correspondance qu’il lui fut offert d’entrer à la comédie française et qu’elle se sentait plus de dispositions pour la tragédie que pour la comédie, mais que son mari s’y opposa toujours (référence).

La Femme de lettres

Marie-Jeanne Riccoboni fréquente le salon des d’Holbach, sans doute aussi celui des Helvétius. Elle y rencontre les plus grands philosophes anglais de l’époque, comme Adam Smith et David Hume, avec qui elle correspondra, et pour qui elle aura autant d’admiration que d’affection. Mais son goût pour la philosophie s’émoussera très vite. Elle finira par s’éloigner des salons et des discussions qui s’y déroulent, trop violentes et trop partisanes à son goût. Elle accusera dans sa correspondance les philosophes français d’être à leur manière aussi sectaires que les religieux qu’ils attaquent sans cesse, et d’utiliser à leur profit les méthodes intolérantes qu’ils condamnaient chez les prêtres.

La romancière

En 1761, Marie-Jeanne Riccoboni se retire de la scène pour se consacrer à la littérature et s’installe rue Poissonnière avec son amie Thérèse Biancolelli.

Les débuts de sa carrière littéraire, tout de suite couronnée par de brillants succès, lui valurent la considération et l’estime de Diderot, qui disait d’elle : "Cette femme écrit comme un ange, c'est un naturel, une pureté, une sensibilité, une élégance, qu'on ne saurait trop admirer»[5].

Elle écrivit dix romans et cinq nouvelles, mettant au goût du jour le style épistolaire, à l’imitation de Richardson, dont les ouvrages, traduits par Prévost avaient eu en France un immense succès.

Elle débute en 1757 par les Lettres de Fanny Butler, qui furent considérées comme relatant l’épisode de sa malheureuse liaison avec le comte de Maillebois. Puis elle donne successivementl’Histoire du Marquis de Cressy (1758) et les Lettres de Juliette Catesby (1759).

En 1761, elle écrit une Suite de la vie de Marianne, tellement bien imitée de Marivaux qu’il faudra publier une mise au point pour détromper le public. Avec Ernestine, en 1762, elle obtient un très grand succès : La Harpe affirma qu’Ernestine était son "diamant" et loua sa finesse, la délicatesse et la vérité de ses peintures, l’élégance et la précision de son style (référence). Laclos en tira un drame lyrique mis en musique par le chevalier de Saint–Georges en 1777.

Suivent une adaptation libre de l’Amelia de Fielding en 1762, les Lettres de la comtesse de Sancerre, en 1767 et les Lettres d’Elizabeth–Sophie de Vallière en 1772. Avec les Lettres de Milord Rivers,en 1777, elle écrit une sorte de roman–testament, qui résume ses points de vue sur la société et la morale. Ensuite, elle écrira encore cinq nouvelles : l’Histoire d’Aloïse de Livarot, l’Histoire de Gertrude et Roger, l’Histoire de Christine de Suabe, toutes s’inspirant du Moyen Âge, puis l’ Histoire de Deux jeunes amies, et la Lettre de la marquise d’Artigues à sa soeur.

Outre quelques pièces de vers, un bref essai de périodique dans le goût des journaux de Marivaux, L'abeille et une pièce de théâtre Les caquets, 1761[6], Madame Riccoboni a aussi traduit cinq pièces de théâtre anglaises, écrites entre autres par David Garrick ou George Colman.

Elle meurt le vendredi 6 janvier 1792 dans la misère, la tourmente révolutionnaire ayant fait supprimer la pension royale qui lui permettait de subsister. Elle s’éteint dans les bras de son amie Thérèse, la laissant héritière du peu de biens qui lui restait.

Œuvres

Sur les autres projets Wikimedia :

Oeuvres complètes :

  • 1780 : Oeuvres complètes de Mme Riccoboni, Première édition en 7 volumes.- Société typographique, Neuchâtel,1780[7].
  • 1786 : Oeuvres complètes de Mme Riccoboni, Nouvelle édition.- Editions Volland, Paris, 1786[8].
  • 1818 : Oeuvres complètes de Mme Riccoboni.- Editions Foucault en 6 Volumes, Paris, 1818. [9].

Editions modernes

  • 1976 : Madame Riccoboni’s letters to David Hume, David Garrick, and sir Robert Liston : 1764-1783, Oxford, the Voltaire Foundation, 1976
  • 1979 : Lettres de Mistriss Fanni Butlerd (1757). Genève, Librairie Droz, 1979 Texte en ligne
  • 1983 : Lettres de Milady Juliette Catesby à Milady Henriette Campley, son amie (1759) Paris, Desjonquères. 1983 (ISBN 2904227032)
  • 1987 : L’Histoire du marquis de Cressy (1758). Paris, Des Femmes, 1987 (ISBN 2721003496) Texte en ligne
  • 1991 : Histoire d’Ernestine, Paris, Côté femmes, 1991 (ISBN 2907883283)
  • 1991 Histoire d’Ernestine (1762). Paris, Côté femmes, 1991 (ISBN 2907883283)
  • 1992 : Lettres de Mylord Rivers à Sir Charles Cardigan (1777). Genève, Droz, 1992
  • 1997 : Lettres de Milady Juliette Castesty à Milady Henriette Campley son amie (1759). Paris, Desjonquières, 1997 (ISBN 2904227997) Texte en ligne
  • 1999 : Histoire de Miss Jenny (1764). Paris, Indigo & Côté femmes, 1999 (ISBN 291157155X) Texte en ligne
  • 2000 : Amélie : sujet tiré de Mr Fielding, Paris, Indigo et Côté Femmes, 2000 (ISBN 2911571886)
  • 2001 : Histoire de deux amies, Paris, Indigo et Côté femmes, 2001 (ISBN 291437805X)
  • 2001 Histoire des amours de Gertrude, dame de Château-Brillant et de Roger, comte de Montfort, Paris, Indigo et Côté femmes, 2001 (ISBN 2914378068)
  • 2002 : Histoire d’Aloïse de Livarot (1780). Indigo & Côté femmes, 2002 (ISBN 2914378254)
  • 2005 : Lettres d’Adélaïde de Dammartin, comtesse de Sancerre, au comte de Nancé, son ami (1767). Paris, Desjonquères, 2005 (ISBN 2843210801) Texte en ligne
  • 2005 : Trois histoires amoureuses et chevaleresques, Reims, Presses universitaires de Reims, 2005 (ISBN 2915271089)
  • 2005 : Lettres de Sophie de Vallière (1770). Paris, Indigo & Côté femmes, 2005 (ISBN 2914378807)
  • La Vie de Marianne / La Suite de Marianne (1761). Paris, Garnier-Flammarion (ISBN 2080703099) Texte en ligne[10].

En collaboration avec Antoine-François Riccoboni

  • 1761 : Les Caquets, Pièce de théâtre[11]

Références

  • 1872 : Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Plon, Paris, 1872
  • 1924 : Emily A. Crosby, Une romancière oubliée, Mme Riccoboni : sa vie, ses œuvres, sa place dans la littérature anglaise et française du XVIIIe siècle, Paris, F. Rieder, 1924
  • 1970 : Emily A. Crosby, Madame Riccoboni ; sa vie, ses œuvres, sa place dans la littérature anglaise et française du XVIIIe siècle, Genève, Slatkine Reprints, 1970
  • 1975 : Kenneth R. Umland, Madame Riccoboni et Diderot : un débat sur l’art théâtral au dix-huitième siècle, [s.l.s.n.], 1975
  • 1977 : Andrée Demay, Marie-Jeanne Riccoboni : ou De la pensée féministe chez une romancière du XVIIIe siècle, Paris, La Pensée Universelle, 1977
  • 2006 : Brigitte Diaz et Jurgen Siess,L'épistolaire au féminin, correspondances de femmes, colloque de Cerisy-la-Salle (2003), éd.Presses universitaires de Caen, 2006
  • 2007 : Jan Herman, Kris Peeters et Paul Pelckmans, Mme Riccoboni, romancière, épistolière, traductrice, colloque de l'université de Louvain-Anvers(2006), éd. Peeters, Louvain-Paris-Dudley, 2007

Sources

  • 1881 : Jean Fleury, Marivaux et le marivaudage, Paris, Plon, 1881, p. 167-93.
  • 1876 : Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 1731-2.
  • 2007 : Jan Herman, Kris Peeters et Paul Pelckmans, Mme Riccoboni, romancière, épistolière, traductrice : Actes du colloque international Leuven-Antwerpen, 18-20 mai 2006[12] . Études réunies et présentées par Jan Herman, Kris Peeters et Paul PelckmansXVIIIe siècle :, Éditions Peeters, coll. « La République des Lettres », 2007, 352 p, Louvain-Paris-Dudley, 2007 . Notice Bnf n° FRBNF41213017.

Webgraphie

Notes et références

  1. Notice Bnf n° : FRBNF11921825. Consulté le 23 mars 2009.
  2. Artfl Frantext Database Bibliography - R. Consulté le 23 mars 2009.
  3. "Madame Riccoboni s'est cachée sous le masque d'Adélaïde de Varancai sur le frontispice de la première édition des Lettres de mistriss Fanny Butlerd, et il existe cinq ou six réimpressions de ce roman sous ce même nom. C'est à tort aussi qu'on a mis sur le titre ces mots : traduit de l'anglais. (B.)". Friedrich Melchior Grimm, Denis Diderot, Jacques-Henri Meister, Jules Antoine Taschereau, A. Chaudé.- Correspondance littéraire, 1829. Copie de l'exemplaire l'Université du Michigan numérisé le 18 sep 2007.- Note 1, p. 117. Consulté le 23 mars 2009.
  4. Christophe de Heurles du Laboras, ou du Labourat n'est pas noble béarnais comme le libraire Humblot en avait lancé la légende (référence)
  5. Denis Diderot, Oeuvres Complètes, édition Jules Assézat et Maurice Toumeux, Paris, 1875-1877, VIII, p. 465
  6. 'Les caquets, 1761, pièce de théâtre inspirée de Goldoni et écrite en collaboration avec Antoine-François Riccoboni, Notice Bnf n° : FRBNF31209708. Les Caquets, œuvre musicale, rondo en Staccato pour violon par Joseph Bologne Chevalier de St-Georges, compositeur. Notice Bnf n° : FRBNF15819176.- Les Caquets [ Enregistrement sonore], harmonisation par Marius Casadesus, violon accompagné de piano, Publication : France : Polydor, 1936, Notice Bnf n° : FRBNF37992857.
  7. Oeuvres complètes de Mme Riccoboni, 1780.- Notice Bnf n° : FRBNF37344258
  8. Oeuvres complètes de Mme Riccoboni, Nouvelle édition, 1786.- Notice Bnf n° : FRBNF31209690
  9. La plus fréquemment consultable. Notice Bnf n° : FRBNF37344258. "Frantext" Reproduction de l'édition de 1818
  10. La Vie de Marianne par Marivaux. Avec la suite de Marianne par Mme Ricoboni.- Notice Bnf n° : FRBNF32568957
  11. Notice Bnf n° : FRBNF31209708. Les Caquets, œuvre musicale, rondo en Staccato pour violon par Joseph Bologne Chevalier de St-Georges, compositeur. Notice Bnf n° : FRBNF15819176.- Les Caquets [ Enregistrement sonore], harmonisation par Marius Casadesus, violon accompagné de piano, Publication : France : Polydor, 1936, Notice Bnf n° : FRBNF37992857.
  12. Fabula
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