Marc Antoine Baudot

Marc Antoine Baudot
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Marc Antoine Baudot, né à Liernolles (Allier) le 18 mars 1765, décédé à Moulins le 23 mars 1837, est un révolutionnaire français, député à l'Assemblée législative puis à la Convention.

Sommaire

Biographie

Issu d'une famille bourgeoise de Dijon[1], Marc Antoine Baudot naît à Liernolles (Allier), le 18 mars 1765. Il est les fils de Jean-Marie Baudot, fermier du domaine de la Forest de Viry[2],[1], propriété noble[1], et de Claudine Deshaires[2]. Son parrain est Marc-Antoine Durand, docteur en médecine, procureur du roi et syndic de la ville de Paray-le-Monial ; il exerce une grande influence sur lui et l'incite à embrasser la carrière médicale[1].

Médecin à Charolles, en Saône-et-Loire, il adhère au début de la Révolution à la Société des Amis de la Constitution de Charolles, dont il est secrétaire en novembre 1790[2].

Élu député suppléant de Saône-et-Loire à l'Assemblée législative le 31 août 1791, il est appelé à siéger le 10 juillet 1792 en remplacement de Desplaces, démissionnaire[2]. Réélu député à la Convention nationale, il siège sur les bancs de la Montagne[3]. En octobre 1792, il se prononce contre le général Arthur Dillon, accusé d'avoir « offert la paix à ces brigands qui ont si cruellement, et contre toutes les lois de la guerre, bombardé Thionville[1] ». En janvier 1793, il vote lors du procès de Louis XVI pour la mort sans appel ni sursis, dans les 24 heures[3].

Le 12 avril 1793, il est nommé par décret représentant en mission à l'armée des Pyrénées mais n'y figure plus lors de la réorganisation du 30 avril. Malgré tout, il est encore à Toulouse, avec Chaudron-Rousseau, le 17 juin. Rappelé par décret trois jours après, il est de retour à Paris le 24 juin. Le 26 juillet, un nouveau décret l'envoie dans le Lot pour remplacer Mathieu et Treilhard. À la fin du mois d'août, il retrouve Ysabeau à Bordeaux, où a éclaté une révolte ; ils sont « assaillis par une troupe de jeunes élégants armés de cannes à lance et de sabres, qui, en vomissant mille blasphèmes contre la Convention nationale », menacent de les massacrer et se mettent « en devoir d'exécuter leurs menaces ». Ils doivent se replier vers La Réole, afin d'y organiser la reprise en main de la ville fédéraliste. Envoyé par décret à l'armée des Pyrénées-Orientales le 29, il écrit encore de La Réole le 1er septembre. Trois jours plus tard, un autre décret le nomme représentant dans l'Ariège et la Haute-Garonne. Puis, le 20 septembre, il se voit confier par décret la Haute-Garonne et les départements voisins avec Chaudron-Rousseau[4].

Le 13 brumaire an II (3 novembre 1793), il est envoyé par décret en mission aux armées du Rhin et de la Moselle avec Ehrmann, Lacoste et Lémane[5], participe à la bataille de Kaiserslautern[3] et s'oppose à Saint-Just et à Le Bas et d'autres commissaires de la Convention arrivés après lui, après qu'il a nommé Lazare Hoche général en chef de cette armée, alors que ses collègues préféraient Jean-Charles Pichegru.

Le 21 octobre, dans un courrier adressé au Comité de salut public depuis Bordeaux, il se plaint avec ses collègues Chaudron-Rousseau, Tallien et Ysabeau de ce que « les commissaires du Conseil exécutif, presque tous les intrigants, et ceux que vous avez envoyés dans le Midi, prennent le titre de représentants du peuple et se conduisent avec une insolence sans égale »[6].

Le 19 brumaire an II (9 novembre 1793), il prend avec Lémane un arrêté qui affirme : « Les phrases longues appartiennent aux monarchistes, le laconisme est le propre de la République. Dix lignes suffisent pour chaque objet de pétition : ceux qui en écriront davantage seront suspectés de vouloir mettre des longueurs à la Révolution »[7].

Le 6 frimaire an II (19 novembre 1793), il écrit au Journal des Hommes libres, pour témoigner de sa déception devant l'attitude des juifs d'Alsace et de la région bordelaise :

« La race juive, mise à l'égale des bêtes de somme par les tyrans de l'ancien régime, aurait dû sans doute se dévouer toute entière à la cause de la liberté qui les rend aux droits de l'homme. Il n'en est cependant rien. Les juifs nous ont trahis dans plusieurs petites villes et villages du côté de Wissembourg. On serait en peine pour en compter dix reconnus patriotes dans les départements du Haut et Bas-Rhin... Partout ils mettent la cupidité à la place de l'amour de la patrie et leurs ridicules superstitions à la place de la raison... Ne serait-il pas convenant de s'occuper d'une régénération guillotinière à leur égard[8],[9],[10] ? »

À Paris avec Lacoste le 25 nivôse an II (14 janvier 1794), il retourne aux armées peu après. Le 8 pluviôse (27 janvier), les deux hommes prennent à Strasbourg un arrêté réclamant à la population 30 000 souliers et 3 000 manteaux, dans un souci permanent d'approvisionner les troupes. Le 21 ventôse (11 mars), Baudot est encore à Metz[11].

Élu secrétaire de la Convention en mars[3], il obtient un congé de trois décades le 25 messidor an II (13 juillet 1794). Absent de la Convention le 9-Thermidor (il est marqué : « absent pour congé »), il est nommé par décret le 30 thermidor (17 août) à l'armée des Pyrénées-Occidentales avec Delcher et Garrau. Remplacé par décret du 21 ventôse an III (11 mars 1795) par et Picqué, qui ne s'y rend pas, il est encore à cette armée le 19 germinal (8 avril)[5]. Après cette ultime mission, il se retire en Saône-et-Loire[1].

Le 13 prairial an III (1er juin 1795), la Convention le décrète d'arrestation avec Lacoste, Alard, Pierre-Arnaud Dartigoeyte, Javogues, Lejeune, Mallarmé, Monestier du Puy-de-Dôme, Sergent et Maure, il parvient à s'échapper et trouve refuge à Venise[1].

Ayant regagné Paris en vendémiaire an IV, il voyage, semble-t-il, à Vérone, en Suisse et aux États-Unis[1].

En messidor an VII[1], il est nommé chef de division au ministère de la guerre sous Bernadotte. Lors du retrait de ce ministre (14 septembre 1799), il part avec lui et reprend sa profession de médecin[3].

Pendant les Cent Jours, il accepte un poste de lieutenant de police extraordinaire à Morlaix[1].

Sous la Restauration, il est banni en janvier 1816, à la suite de la loi contre les régicides, et passe en Suisse, où il est mal reçu[3], puis se retire à Bruxelles et à Liège, où il fréquente ses anciens collègues conventionnels maais se moque des anciens dignitaires impériaux, qu'il appelle les « magnats », comme Cambacérès[1].

En 1830, il rentre en France après les Trois Glorieuses[3] et s'installe à Moulins, où il meurt le 23 mars 1837. Ses obsèques sont célébrées civilement[1].

La postérité

En 1811, la famille d'Edgar Quinet s'installe à Charolles, où elle se lie d'amitié avec Baudot. À sa mort, ce dernier lègue ses mémoires à l'historien, qui n'en reçoit le manuscrit qu'en 1863, alors qu'il est en exil dans le canton de Vaud et qu'il a pratiquement achevé son histoire de La Révolution ; il en intègre des passages dans son texte. Puis, en 1893, sa veuve publie les Notes historiques avec une préface de sa main symboliquement datée du 14 juillet 1889. Cet ouvrage comporte de nombreux portraits, satiriques (Sieyès), indulgents (Barère, David) ou animés par une émotion républicaine (Romme, Goujon, Soubrany, qu'il appelle « les derniers des Romains »[1].

Œuvre

  • Notes historiques sur la Convention nationale, le Directoire, l'Empire et l'exil des votants (publiée par Mme VVe Edgar Quinet, née Asaky), Paris, Imprimerie D. Jouaust, 1893, 371 pages.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m François Brunel (2005), p. 98-99.
  2. a, b, c et d Paul Montarlot (1904), p. 245-246.
  3. a, b, c, d, e, f et g Adolphe Robert et Gaston Cougny (1889), p. 204.
  4. Michel Biard (2002), p. 119 et 455.
  5. a et b Michel Biard (2002), p. 455.
  6. Michel Biard (2002), p. 60 et 64.
  7. Félix Martha-Beker, Le Général Desaix: étude historique, Didier, 1852, p. 102 .
  8. Béatrice Philippe, Être juif dans la société française du Moyen-Âge à nos jours, Éditions Complexe, 1997, 471 p. [lire en ligne], p. 154 .
  9. Jean-Clément Martin, Contre-révolution, révolution et nation en France (1789-1799), Le Seuil, 1998, 367 p., p. 215 .
  10. Claude Manceron et Anne Manceron, La Révolution française, Renaudot, 1989, 571 p., p. 58 .
  11. Michel Biard (2002), p. 309 et 455.

Bibliographie

  • Michel Biard, Missionnaires de la République, CTHS, 2002 
  • Françoise Brunel et Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2005, « Baudot Marc-Antoine », p. 98-99 
  • Adolphe Robert et Gaston Cougny Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, vol. 1, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891 [lire en ligne], p. 204 
  • Paul Montarlot, Mémoires de la Société éduenne des lettres, sciences et arts, vol. 32, Autun, Imprimerie Dejussieu père et fils, 1904 [lire en ligne], « Les députés de Saône-et-Loire aux assemblées de la Révolution », p. 245-246 
  • Antoine Trimoulier, Marc-Antoine Baudot, un missionnaire de 93 : son rôle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques, Dorbon aîné, 1908, 157 p. 
  • Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1987, 1998 [détail de l’édition]

Lien externe


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