Macroeconomie

Macroeconomie

Macroéconomie

Modélisation des relations macroéconomiques entre agrégats dans une économie.

La macroéconomie (dont le terme est introduit en 1933 par l’économiste norvégien Ragnar Frisch[1]) est l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques, le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc.

En tant que telle, elle constitue l'outil essentiel d'analyse des politiques économiques des États ou des organisations internationales.

Du point de vue du marketing, l'environnement macroéconomique est subi par l'entreprise car celle-ci ne peut agir directement dessus. Ce n'est qu'indirectement, à travers des lobbys, qu'elle peut essayer de l'influencer.

Sommaire

Définition et objets d'analyse

En considérant d'emblée les relations entre les grands agrégats de l'économie, la macroéconomie cherche à expliciter ces relations et à prédire leur évolution face à une modification des conditions, qu'il s'agisse d'un choc (augmentation de prix du pétrole) ou d'une politique économique délibérée[2]. Contrairement à la microéconomie, qui favorise les raisonnements en équilibre partiel, la macroéconomie se place toujours dans une perspective d'équilibre général, ce qui l'amène à accorder plus d'attention au bouclage des modèles et à la dynamique de création et de maintien d'institutions essentielles, comme les marchés, la monnaie.

Partie de relations très simples, à l'image du modèle IS/LM reliant le marché des capitaux et celui de la monnaie ou de la courbe de Phillips reliant inflation et chômage, la macroéconomie a évolué vers la construction de modèles économiques complexes incluant à la fois des relations supposées entre variables et des relations comptables servant à définir les agrégats. Très utilisés pour analyser et prévoir les résultats des politiques économiques, ces vastes modèles (les plus frustes comportent une dizaine d'équations, les plus complexes dépassent les 1 500) sont à l'heure actuelle employés par la plupart des gouvernements, institutions statistiques (comme l'INSEE), organisations internationales (OCDE) et certains acteurs privés voulant disposer de leurs propres prévisions quant à la conjoncture.

Historique

Avant 1945

Les auteurs classiques ainsi que les physiocrates et les mercantilistes raisonnaient à la fois sur des comportement individuels (microéconomiques par définition) et sur des relations directement macroéconomiques. Karl Marx ne fit de même pas la différence entre ces deux domaines. Attachés avant tout à décrire ce qu'ils observaient, ces économistes ne disposaient pas du formalisme ni des outils permettant de montrer les incohérences existant entre les hypothèses sur les comportements individuels et celles concernant les agrégats.

Dans un premier temps, les fondateurs de l'école néoclassique utilisèrent à la fois des relations directement macroéconomiques et la transposition de comportements individuels à l'échelle de l'économie (on peut citer diverses versions de la théorie quantitative de la monnaie). Toutefois, leur volonté de rigueur, servie par le formalisme mathématique ainsi que leur attachement à l'individualisme méthodologique amena ces économistes à tenter de ne fonder leurs résultats que sur les comportements d'agents individuels, rejetant comme dénuées de fondement les hypothèses sur le comportement de l'économie dans son ensemble indépendamment des décisions des agents.

Keynes et l'émergence de la macroéconomie

La distinction systématique, pour autant qu'elle puisse vraiment se faire, entre microéconomie et macroéconomie n'émerge cependant vraiment qu'au cours des années Trente autour des travaux de John Maynard Keynes. Ce fut surtout le retentissement de sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936)[3] après-guerre qui conduisit à une séparation nette, d'abord dans le milieu académique, des deux domaines. La microéconomie se spécialisait alors sur les problèmes d'allocation des ressources par le moyen des prix relatifs, alors que la macroéconomie étudiait la production globale et le niveau des prix.

Les deux voies des années 1980 - 1990

Écornée par l'échec des keynésiens à prévoir et à enrayer la stagflation consécutives aux chocs pétroliers, la macroéconomie de la fin du XXe siècle présentait un double visage.

Raffinement de la modélisation

D'une part, on assista à la construction de modèles de plus en plus complexes et élaborés, construction rendue possible par l'augmentation des capacités de calcul des ordinateurs ainsi que la généralisation des techniques d'optimisation dynamique. Cette voie était également soutenue par l'amélioration considérable des données dont disposaient les macroéconomistes pour tester leurs modèles (voir macroéconométrie). Il apparut cependant que la complexification des modèles n'apportait pas grand'chose en matière de pouvoir explicatif, et que les problèmes de cohérence devenaient difficilement surmontables avec un aussi grand nombre d'équations. L'ensemble de l'approche a également été remise en cause par la critique de Lucas, l'économiste Robert Lucas Jr faisant remarquer que les relations macroéconomiques échouaient à prendre en compte les réactions d'agents informés aux politiques économiques (voir Courbe de Phillips et Critique de Lucas)

Synthèse néo-classique et agent représentatif

D'autre part, des économistes formés à la microéconomie néoclassique cherchèrent à donner des fondements microéconomiques aux agrégats observés, en dérivant des grandeurs comme l'offre de travail ou l'investissement des offres des modèles microéconomiques. Ces tentatives, connues sous le nom de synthèse néo-classique, échouèrent cependant sur le problème de l'agrégation, avec des résultats démontrant que ce passage du niveau micro au niveau macro n'était possible qu'en imposant des hypothèses absurdement restrictives sur le comportement des agents (voir équilibre général).

L'approche néoclassique eut alors recours au concept d'agent représentatif, supposant que les agrégats économiques se comportaient comme s'ils répondaient aux décisions d'un agent économique unique similaire à l'agent rationnel du niveau microéconomique. La capacité de ces modèles à prédire des résultats opposés en fonction des hypothèses faites sur l'agent représentatif et sur les paramètres de base ont jeté un doute profond sur la pertinence de cette approche.

La macroéconomie aujourd'hui

Au début du XXIe siècle, des économistes cherchent à dépasser la distinction entre microéconomie et macroéconomie. La plupart des modèles macroéconomiques actuels font l'hypothèse qu'ils ne constituent qu'une simplification de la réalité, dont ils étudient un aspect particulier, comme l'effet de l'innovation sur la croissance, ou des structures monétaires sur l'investissement. De ce fait, ils mélangent relations macroéconomiques et extensions au niveau macroéconomique de relations microéconomiques pour autant que ces extensions soient compatibles avec les faits stylisés qu'on cherche à analyser.

Il existe cependant de nombreuses écoles et courants de pensée séparés par de profonds fossés touchant à leur conception méthodologique et à leurs préconisations en matière de politiques économiques.

Écoles et courants de pensée

Plusieurs écoles utilisent en pratique des raisonnements macroéconomiques, avec des principes et des recommandations très différents

  • Le courant keynésien qui préconise l'intervention de l'État sur l'économie afin de sortir des situations d'équilibre de sous-emploi en agissant sur le niveau de la demande effective. Les économistes de ce courant se désignent comme les post-keynésiens, pour se différencier de la génération des nouveaux keynésiens, qui ont cherché des fondements microéconomiques aux relations macro postulées par Keynes.
  • Le courant monétariste qui considère que la monnaie est relativement déconnectée des fondamentaux de l'économie réelle, et que par conséquent pour agir sur les phénomènes monétaires (combattre l'inflation ou la déflation, par exemple, ou traiter des problèmes de taux de change), il faut agir sur la monnaie (par le pilotage des taux d'intérêts, ou la régulation des émissions monétaires) et non pas sur l'économie réelle via la demande effective comme le préconise le keynésianisme. Inversement, ils affirment qu'il est inutile de chercher à résoudre des problèmes de chômage ou d'investissement par une politique monétaire. Ils sont de ce fait à l'origine de l'indépendance des banques centrales.
  • Le courant néoclassique qui privilégie les analyses au niveau non agrégé et préconise généralement la stabilité budgétaire.
  • Le courant néo-keynésien, qui souligne que la formalisation des idées de Keynes en modèles a amené à négliger les dimensions d'incertitude, centrales dans la pensée de Keynes.
  • Le courant du marxisme économique.
  • l'école de la régulation.
  • L'école du circuit: Ses principaux représentants français sont Alain Parguez et Bernard Schmitt. La théorie du circuit s'oppose nettement à la théorie néoclassique par la place qu'elle donne au circuit et à la monnaie. Contrairement à la théorie néoclassique qui voit la monnaie comme un élément neutre dans le fonctionnement du système économique (comme un simple intermédiaire des échanges), la théorie du circuit établit son analyse sur la thèse de la monnaie endogène.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Références

  1. Macroéconomie, Modelisations schématiques de l'équilibre macroéconomique
  2. « La macroéconomie se donne deux objectifs : la prévision conjoncturelle et la recommandation dans la conduite des politiques économiques », (Notes de cours de macroéconomie (1er semestre de la 1re année de licence AES, Université Panthéon-Assas Paris 2), p. 7
  3. ...l'analyse macroéconomique comme branche spécifique de l'analyse économique date de la publication de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes en 1936...Mais la macroéconomie moderne, comme discipline qui s'attache à comprendre pourquoi l'économie connait des épisodes comme la Grande dépression et pourquoi l'emploi et la production fluctuent au courps du temps, commence avec Keynes. Joseph E. Stiglitz, Carl E.Walsh (2004), Principes d'économie moderne, 2e édition, Ed. de Boeck, p.490

Bibliographie

  • Olivier Blanchard, Daniel Cohen, Macroéconomie, Pearson éducation, 2002, ISBN 2-84211-121-4
  • Michel De Vroey, Pierre Malgrange, La théorie et la modélisation macroéconomiques, d’hier à aujourd’hui Document de travail PSE Lire en ligne
  • (en)Gregory Mankiw,"The Macroeconomist as Scientist and Engineer", NBER Working Paper 12349, juin 2006 Lire en ligne


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