Anne Lauvergeon

Anne Lauvergeon
Anne Lauvergeon
Anne Lauvergeon en 2009.
Anne Lauvergeon en 2009.

Naissance 2 août 1959 (1959-08-02) (52 ans)
Dijon
Nationalité Française
Profession Dirigeante d'entreprises.

Anne Lauvergeon, née le 2 août 1959 à Dijon, en Côte-d'Or, est une dirigeante française d'entreprises, notamment de la Cogema puis Areva de 1999 à 2011. Selon le classement du magazine Forbes, en 2010, elle est à la vingt-quatrième place des 100 femmes les plus puissantes du monde.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et vie de famille

Son père est professeur d'histoire, sa mère assistante sociale[1].

Elle passe son enfance à Orléans où elle fait ses études secondaires au lycée Voltaire[2].

Elle a deux enfants.

Formation et débuts professionnels

Elle entre en 1978 à l’École normale supérieure (rue d'Ulm — Paris), obtient l’agrégation de sciences physiques avant de devenir ingénieur du corps des mines[1].

En 1983, elle effectue son premier stage de formation dans la sidérurgie, comme ingénieur, puis comme chargée d'études économiques chez Usinor[1]. Son deuxième stage, en 1984, a lieu à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), où elle étudie les problèmes de sûreté chimique en Europe.

De 1985 à 1988, elle a la charge de l'Inspection générale des carrières (IGC) à la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire) Île-de-France.

De 1988 à 1989, elle est adjointe du chef de service au Conseil général des mines.

Collaboratrice de François Mitterrand

Sans être énarque ni socialiste, elle est nommée, en février 1990, chargée de mission pour l’économie internationale et le commerce extérieur à la Présidence de la République, auprès de François Mitterrand[1].

L’année suivante, elle en devient secrétaire général adjointe sous la direction de Jean-Louis Bianco, alors secrétaire général, et devient le « sherpa » du président, c’est-à-dire sa représentante personnelle, chargée de préparer les sommets internationaux comme le G7.

Time la classe alors parmi les 100 personnes les plus influentes dans le monde[1].

Chez Lazard Frères puis à Alcatel

En 1995, elle rejoint le secteur bancaire, et devient associée-gérante de la banque franco-américaine Lazard Frères. Mais, en conflit avec Édouard Stern, gendre et dauphin du PDG, elle démissionne deux ans plus tard[3].

En mars 1997, elle est nommée directrice générale adjointe d’Alcatel, avant d’entrer au comité exécutif du groupe.

Dirigeante dans le nucléaire

En juin 1999, Dominique Strauss-Kahn la nomme président-directeur général (PDG) du groupe Cogema, en succession de Jean Syrota, démissionnaire suite aux pressions des Verts. Avec le slogan « Nous n'avons rien à vous cacher », elle instaure une culture de communication grand public dans une structure plus habituée au secret[3].

Contre ses autorités de tutelle et le milieu industriel, elle décide de construire un groupe nucléaire intégré, de l'exploitation au retraitement en passant par la fabrication de réacteurs, en rachetant à Alcatel ses participations dans Framatome[4]. Avec d'autres sociétés, elle fonde en juillet 2001 la nouvelle entité qu'elle baptise Areva, du nom de l'abbaye espagnole Arevalo[3]. Elle en prend la tête, entrant ainsi dans le cercle très restreint des femmes dirigeantes de groupes d’envergure internationale.

Elle entraîne son groupe dans un développement hors de France, et pour mener à bien son expansion dans un secteur international très concurrentiel[5], elle s'appuie sur un réseau influent, constitué notamment de membres du corps des mines[4], de personnalités françaises et étrangères rencontrées lors de son passage à l'Élysée et au sein de think tanks internationaux[6], mais aussi sur les syndicats[4].

En 2002, Les Échos dévoile un rapport de la Cour des comptes qui critique sa rémunération (305 000 euros de salaire fixe et 122 000 euros de part variable)[7], jugée supérieure à celle des dirigeants d’autres entreprises publiques, et son « parachute doré » de deux ans de salaire. Malgré les rumeurs, elle ne démissionne pas et dénonce une tentative de déstabilisation[4]. En 2009, sa rémunération est de 925 666 euros[8], soit le 79e plus haut salaire de patron français, et une rémunération totale de 1,12 million d'euros selon L'Expansion[9].

Elle reproche le manque de vision stratégique de l'État actionnaire et son indépendance passe difficilement parmi les autorités de tutelle, par exemple quand on lui refuse le rachat de fabricants d'éoliennes, le danois Bonus, devenu filiale de Siemens, en 2004, puis l'allemand REpower Systems acquis par l'indien Suzlon Energy, ou quand l'introduction en bourse d'Areva est repoussé en 2005. En 2006, le ministre de l'Économie et des Finances, Thierry Breton s'oppose à sa reconduction, mais Jacques Chirac passe outre son avis[5]. L'année suivante, au lendemain de l'élection présidentielle française de 2007, elle refuse le poste de ministre des Finances proposé par Nicolas Sarkozy, ce qui tend ses relations avec le nouveau Président de la République. Elle résiste également au projet présidentiel de prise de contrôle de la partie « réacteurs » du leader nucléaire par Bouygues et Alstom[5], et s'oppose régulièrement à Henri Proglio, proche de Nicolas Sarkozy nommé à la tête de l'actionnaire et premier client d'Areva, EDF[10]. Elle ne peut contrer en revanche la cession d'Areva T&D[5]. Ces oppositions en série alimentent les rumeurs d'éviction de la tête du groupe nucléaire, qui alternent avec les spéculations d'une reconduction pour un troisième mandat[6].

Les axes stratégiques suivis par Anne Lauvergeon à la tête d’Areva[6] et son manque d'écoute sont critiqués[5]. On lui reproche sa gestion du départ de Siemens, l'un des actionnaires principaux d’Areva[11], le positionnement haut de gamme de l'entreprise, l'échec de la vente de quatre réacteurs nucléaires à Abou Dabi[12], les choix dans le dossier clés en main du premier réacteur EPR, tête de série vendu à l'électricien finlandais TVO (surcoût de 2,3 milliards d'euros dont une partie est liée aux quatre ans de retards sur le chantier d'Olkiluoto[13] et l'augmentation de capital de 900 millions d'euros difficilement bouclée[6].

Le Fortune 500 2006, édité par le magazine américain Fortune, la classe no 2 des femmes d'affaires les plus puissantes au monde (États-Unis exceptés) derrière Patricia Russo, future présidente d'Alcatel-Lucent. En 2006, elle reste la femme dirigeant le plus d’employés au monde. Elle entre en 2004 dans le classement des femmes les plus puissantes du monde du magazine Forbes, et est classée au 24e rang en 2010 :

Évolution au classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde
Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Rang 53 en augmentation 11 en augmentation 8 en diminution 14 en augmentation 9 en stagnation 9 en diminution 24

Quelques mois après l'accident nucléaire de Fukushima, et alors qu'Areva a enregistré sa première perte opérationnelle (423 millions d'euros en 2010) et n'a vendu au total que 4 réacteurs EPR[5], Anne Lauvergeon n'est pas reconduite à la direction du groupe Areva, sur décision du Président de la République Nicolas Sarkozy et contre l'avis du président du conseil de surveillance Jean-Cyril Spinetta[10], son ministre de tutelle Eric Besson lui décernant un « bon bilan » et voyant en son remplaçant une continuité des options stratégiques[5].

Divers

À sa demande, elle est radiée du corps des mines (cadres), en juillet 2004[14].

Anne Lauvergeon est également présidente du conseil d'administration de l'École nationale supérieure des mines de Nancy et administratrice de l'association des amis de l'Institut François-Mitterrand. Elle est également vice-présidente du conseil de surveillance du Groupe Safran.

Elle siège à la Commission pour la libération de la croissance française, dite Commission Attali, en 2008, et au Comité de l’énergie atomique, à partir du 28 novembre 2008, en qualité de personnalité qualifiée dans le domaine scientifique et industriel[15].

Le 13 juillet 2011, le quotidien Libération annonce qu'Anne Lauvergeon sera prochainement nommée présidente de son conseil de surveillance[16].

Mandats sociaux

  • Administratrice de GDF Suez et membre du Comité pour l’Éthique, l’Environnement et le Développement durable de GDF Suez[17]
  • Administratrice de Vodafone
  • Administratrice de Total

Publications

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. a, b, c, d et e Véronique Brocard, « Anne Lauvergeon. La femme du bureau d'à côté », Libération, 7 février 1995
  2. Bidault C, « Gérard Lauvergeon, l'orléanais qui a "inventé" Areva », La République du Centre, 27 février 2008, p 3
  3. a, b et c Charles-Emmanuel Haquet, « Anne Lauvergeon, l'électron libre », L'Expansion, 1er janvier 2008
  4. a, b, c et d Marie-Caroline Lopez, « Les secrets de la longévité d'Anne Lauvergeon », La Tribune.fr, 12 février 2011
  5. a, b, c, d, e, f et g Jean-Michel Bezat, « Anne Lauvergeon, l'insoumise », Le Monde, 19 juin 2011
  6. a, b, c et d « Anne Lauvergeon veut sauver sa place à la tête d'Areva », Reuters.com, 8 février 201
  7. http://www.liberation.fr/economie/0101423724-anne-lauvergeon-patronne-dans-la-ligne-de-mire
  8. http://www.journaldunet.com/economie/magazine/salaires-patrons/anne-lauvergeon.shtml
  9. http://www.lexpansion.com/entreprise/les-plus-gros-salaires-de-l-etat-actionnaire_240744.html?p=7
  10. a et b Le Monde, 17 juin 2011
  11. http://www.liberation.fr/economie/0101315551-lauvergeon-sous-pression
  12. http://www.lexpansion.com/entreprise/epr-francais-les-raisons-de-l-echec-d-abou-dhabi_219607.html
  13. http://www.liberation.fr/economie/0101603984-epr-finlandais-areva-a-vau-l-eau
  14. Arrêté du 12 octobre 2004 portant radiation (corps des mines)
  15. Décret du 28 novembre 2008 publié au JORF du 29 novembre 2008.
  16. A nos lecteurs, par Nicolas Demorand, Libération, 13 juillet 2011
  17. Rapport de développement durable 2010 Gdf Suez

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Anne Lauvergeon de Wikipédia en français (auteurs)

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