Légende de Jésus

Légende de Jésus

Thèse mythiste

À partir du XVIIIe siècle et du développement des méthodes historico-critiques dans l'étude des textes du Nouveau testament, l'existence réelle de Jésus de Nazareth a été remise en question, et des thèses (appelées thèses mythistes) ont été avancées pour prouver le caractère mythique ou mythologique du personnage de Jésus, et expliquer dans ce cadre l'apparition du christianisme.

Selon certaines de ces thèses Jésus serait un personnage mythologique, haussé à une dimension archétypale, et qui aurait la même (in)consistance que les personnages décrits par exemple dans Le Rameau d'or de James George Frazer. Les thèses les plus fréquentes le comparent à Mithra, Dionysos, Sol Invictus ou Esculape.

Selon d'autres thèses, sa personnalité serait le fruit d'une élaboration théologique, ayant pris progressivement une dimension historique à partir du IIe siècle de l'ère chrétienne. Dans ce contexte, Jésus devient un personnage conceptuel, instrumentalisé par les premiers chrétiens.

Ces thèses se développent selon deux axes argumentatifs complémentaires : d'une part aucun document probant et aucune preuve archéologique n'attestent l’existence de Jésus de Nazareth : les textes chrétiens ne sont pas dignes de foi, et les textes non-chrétiens sont d'authenticité douteuse ou peuvent être l’écho du discours chrétien. D'autre part des indices portent à croire qu’il est un personnage mythique ou fictif.

La thèse de l'inexistence historique de Jésus a toujours été marginale au sein de la recherche historique académique, et elle est complètement rejetée depuis les années 1930 par les spécialistes universitaires, certains la considérant comme un exemple de méthode hypercritique[1]. Cette thèse continue néanmoins a être reprise régulièrement par des auteurs en dehors du milieu académique.

Qu'est-ce que la vérité ?, peinture de Nikolaï Gay.

Sommaire

État de la recherche académique actuelle

Article détaillé : Quêtes du Jésus historique.

Les sources sur Jésus de Nazareth

Jésus n'a rien écrit, et bien que la tradition chrétienne ait attribué certains textes à des témoins directs de sa vie (les évangiles de Marc et Jean et les lettres de Pierre parmi les textes canoniques, et de nombreux textes apocryphes), les études critiques ont montré qu'il s'agit de pseudépigraphies ou d'attributions tardives. Les premières sources, dans la seconde moitié du Ier siècle sont des textes chrétiens du Nouveau Testament : (les lettres de Paul de Tarse (dont sept sur les 14 du Nouveau Testament sont aujourd'hui jugées authentiques par les historiens) et les évangiles canoniques.

Aucun auteur non-chrétien du premier siècle ne parle de Jésus : ni les romains Sénèque, Pline l'Ancien et Quintilien, ni le grec Plutarque, ni le juif Philon d'Alexandrie. Cela n'a rien d'étonnant, la crucifixion d'un prédicateur juif ayant rassemblé quelques disciples n'étant pas un évènement notable à l'échelle de l'empire romain[2].

Il faut attendre le tournant des premier et second siècles pour voir apparaître anecdotiquement dans les œuvres des auteurs latins Tacite, Pline le jeune et Suétone les premières mentions de communautés chrétiennes, qui commencent à prendre, au moins localement suffisamment d'importance pour que l'administration romaine s'en préoccupe. Deux parlent directement de Jésus de Nazareth, les Antiquités juives (vers 95) de l'historien juif Flavius Josèphe, dont le fameux Testimonium flavianum, et l'extrait des Annales de Tacite (vers 110) sur le grand incendie de Rome. Le Testimonium flavianum a depuis longtemps été mis en question, notamment parce qu'il présente Jésus comme le Christ ce qui est étonnant de la part d'un juif pharisien ; il n'y a pas aujourd'hui de consensus parmi les spécialistes entre authenticité, interpolation totale de copistes chrétiens ou interpolation seulement partielle[3]. Le passage XV.44 des Annales de Tacite, très défavorable aux chrétiens et présent dans tous les manuscrits (dont les plus anciens sont du XIe siècle)[4] est par contre aujourd'hui considéré comme authentique par les historiens[5]. Mais il n'y a pas d'évidence que les informations fournies par Tacite sur le Christ condamné par Pilate sous Tibère proviennent de sources indépendantes des chrétiens du début du Ier siècle[6]

L'existence de Jésus

La question des sources n'a pas conduit les historiens spécialistes à remettre en question l'existence de Jésus. Dès 1933, le professeur d'histoire du christianisme à la Sorbonne Charles Guignebert convenait : "Confessons donc que tous les prétendus témoignages païens et juifs ne nous apportent aucun renseignement utile sur la vie de Jésus, qu’ils ne nous donnent même pas la certitude qu’il ait vécu "[7]. Mais il concluait : « Les efforts, souvent érudits et ingénieux des mythologues n'ont gagné à leurs thèses aucun des savants indépendants et désintéressés que rien n'empêcherait de s'incliner devant un fait bien établi et dont l'adhésion aurait eu du sens. L'enthousiasme des incompétents ne compense pas cet échec. »[8]

Dans le monde académique, la question de l'existence historique de Jésus est aujourd'hui close (en dehors du Jesus Project, démarré fin 2008 - voir ci-dessous). Pour les chercheurs et spécialistes, les thèses mythistes sont rejetées par un ensemble d'éléments et d'arguments tant externes qu'internes au Nouveau Testament[9] :

  • Dès les débuts du christianisme celui-ci a été attaqué de façon virulente par les autres courants du judaïsme en Palestine, et par les païens quand il a commencé à se propager dans le monde gréco-romain. Il est invraisemblable que parmi ces attaques, aucune n'ait porté sur l'existence de Jésus dans les décennies ayant suivi son exécution telle que présentée par les chrétiens. On ne trouve aucune trace de cet argument dans les textes des adversaires du christianisme que nous conservons tant côté païen, comme Lucien de Samosate, Celse au IIe siècle et Porphyre au IIIe siècle, que côté juif[10],[11],[12].
  • Les plus anciens textes chrétiens sont les lettres de Paul de Tarse, qui rencontra les disciples directs de Jésus dans les années 40 et écrit dans les années 50. Si ces lettres donnent très peu de détails sur la vie de Jésus (Paul cherche surtout à y prouver qu'il est bien le messie (Christ, ce que refusent les autres juifs), il y est présenté comme un personnage réel)[13].
  • Les évangiles canoniques, dont les datations actuelles sont entre 65 et 95, sont les principales sources sur Jésus (l'apport de certains évangiles apocryphes comme l'évangile de Thomas est aujourd'hui discuté). Ils contiennent de nombreuses contradictions, incohérences et invraisemblances et il s'agit de textes répondant aux préoccupations théologiques des communautés chrétiennes au sein desquelles ils ont été composés, sur la base de traditions orales ou écrites aujourd'hui perdues (comme l'hypothétique source Q). S'il ne permet pas de retracer une biographie précise de Jésus, le travail des historiens consiste à distinguer les paroles et les actes originels de Jésus de ce qui relève d'élaborations théologiques et littéraires postérieures à sa mort, et ce sur la base de critères d'historicité les plus objectifs possibles[14] (par exemple le critère de dissimilarité, selon lequel on peut attribuer à Jésus les paroles et gestes qui ne relèvent ni du Judaïsme contemporain de Jésus, ni des premières communautés chrétiennes). Pierre Geoltrain, fondateur de la chaire des origines du christianisme à la Section des sciences religieuses de l'École pratique des Hautes Études résume ainsi les choses :

« Nul n'oserait plus, de nos jours, écrire une vie de Jésus comme celles qui virent le jour au XIXe siècle. L'imagination suppléait alors au silence des sources ; on faisait appel à une psychologie de Jésus qui était le plus souvent celle de l'auteur. L'ouvrage d'Albert Schweitzer sur l'histoire des vies de Jésus a mis un terme à ce genre de projet. Quant à l'entreprise inverse, quant aux thèses des mythologues qui, devant les difficultés rencontrées par l'historien, ont pensé les résoudre toutes en expliquant les Évangiles comme un mythe solaire ou un drame sacré purement symbolique, elle ne résiste pas à l'analyse. L'étude des Évangiles permet de dire, non seulement que Jésus a existé, mais encore bien plus. »[15]

  • Même les historiens les plus sceptiques sur les récits des évangiles jugent invraisemblable l'invention de la crucifion par les chrétiens. Charles Guignebert note ainsi : « Je fais toutes réserves sur les détails du récit évangélique, je ne crois pas possible de douter de l'historicité de la crucifixion »[16]. Pour Alfred Loisy « Rien dans les récits évangéliques n'a consistance de fait, si ce n'est le crucifiement de Jésus par sentence de Ponce Pilate pour cause d’agitation messianique »[17]. Au IIe siècle, au sein de certaines des communautés chrétiennes, cette crucifixion entra en contradiction avec la divinisation progressive de Jésus : les docètes développèrent un conception christologique dans laquelle son incarnation et donc sa crucifixion n'avait été que des illusions. Pour Maurice Goguel : « Si les docètes avaient eu la plus petite raison de penser que le Christ n’était qu’une personne idéale sans réalité historique, ils n’auraient pas dépensé des trésors d’ingéniosité pour donner de son histoire une interprétation qui le dégageât complètement d’un contact trop immédiat avec l’humanité. »[18]

The Jesus Project

À la suite du Jesus Seminar dont les travaux controversés avaient conclu que seules 18 % des paroles de Jésus dans les évangiles pouvaient être attribuées au Jésus historique le CSER (Committee for the Scientific Examination of Religion) de l'Université de Californie, a lancé un nouveau séminaire de recherche baptisé « The Jesus Project »[19], sous la direction de R. Joseph Hoffmann, dont l'objectif est de réexaminer la question de l'historicité de Jésus. Les travaux devaient commencer en décembre 2007 et durer 5 ans. Certains des principaux participants de Jesus Seminar ont décliné l'invitation : John Dominic Crossan[20], ainsi que Marcus Borg qui a déclaré : « Je trouve l'objectif du projet ennuyeux et fastidieux. Nous pourrions aussi bien avoir un débat sur l'existence historique de Jules César »[21].

Le premier séminaire du Jesus Project[22], toujours prévu sur cinq ans, s'est finalement tenu du 5 au 7 décembre 2008. Il comprend quinze spécialistes de disciplines variées parmi lesquels James Tabor, Robert Eisenman, Bruce Chilton et Robert Price [23], Robert M. Price[24][25], ce dernier, rédacteur du journal en ligne Journal of Higher Criticism [26] pense que si on appliquait strictement les diverses méthodes historiques et critiques telles qu'elles sont conçues et pratiquées de nos jours, on aboutirait à un complet agnosticisme en ce qui concerne l'existence historique de Jésus de Nazareth.

L'idée que la question de l'existence historique de Jésus devrait être réexaminée à l'aune des méthodologies et des connaissances actuelles est aussi défendue par Didier Fougeras, coordinateur de la Nouvelle Bible Segond[27].

Les thèses mythistes

Selon l'historien Charles Guignebert en 1933 : « La critique radicale des témoignages traditionnels, touchant l’existence de Jésus, s’appuie sur deux affirmations principales renouvelées par Bruno Bauer (1809–1882) : 1) La littérature contemporaine, juive ou païenne, ne dit absolument rien de Jésus. 2) La littérature néo-testamentaire, avec ses discordances et ses contradictions, ses interpolations évidentes, ses invraisemblances énormes, ne peut être considérée comme une source historique digne de confiance.[28] »

Le XVIIIe siècle

Dans la lignée des travaux de Richard Simon et de Jean Astruc apparaissent les premières interrogations sur les paradoxes et les incohérences des textes bibliques[29], et le questionnement sur la fiabilité historique des évangiles. Des exemples fameux se trouvent dans l'Histoire de l'établissement du christianisme[30] et dans les articles « Christianisme »[31] du Dictionnaire philosophique de Voltaire. Celui-ci dit avoir « vu quelques disciples de Bolingbroke, plus ingénieux qu'instruits, qui niaient l'existence d'un Jésus »[32], mais pour lui, les incohérences et les invraisemblances des évangiles ne permettent pas de douter raisonnablement de son existence.

Les premiers travaux historico-critiques sur Jésus (les quêtes du Jésus historique) commencent en 1774 avec la publication des travaux de Reimarus.

Les premiers vrais mythistes, dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, sont Constantin-François Volney (1757–1820) et Charles-François Dupuis (1742–1809), deux penseurs radicaux des Lumières, dans la lignée du matérialisme et du sensualisme :

  • Constantin-François Volney, Les Ruines, ou Méditations sur les révolutions des empires (Paris: Desenne, 1791); traduit en anglais dès 1796 : The Ruins, or a Survey of the Revolutions of Empires (New York: Davis, 1796). Selon lui, Jésus est un mythe solaire issu du syncrétisme entre les mythologies perses et babyloniennes.
  • Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes (Paris: Chasseriau, 1794); traduction anglaise récente, The Origin of All Religious Worship (New York: Garland, 1984)[33], repris dans un Abrégé de l'origine de tous les cultes, Paris, 1798. Il conjugue l'astronomie et la mythologie et fait des divinités et de leurs légendes des allégories des astres et de leurs mouvements. Ainsi Jésus serait le symbole du soleil et les apôtres les douze signes du zodiaque.

Une réponse parodique à la thèse mythiste de Dupuis fut donnée en 1827, par Jean-Baptiste Pérès, dans son opuscule Comme quoi Napoléon n’a jamais existé[34].

La première quête du Jésus historique et la thèse mythiste

C'est au XIXe siècle, au cours de ce qu'on a appelé la première quête du Jésus historique, essentiellement menée par les théologiens libéraux allemands, que se sont développées les premières théories mythistes. Dès 1840, Bruno Bauer peut être considéré comme le premier mythiste, dans la lignée de l'école mythologiste de David Strauss.

La méthode préférée du courant mythiste est celle du comparatisme en mythologie. Celui-là apparaît notamment dans les travaux de Max Müller (1823-1900), pour qui l'origine des religions est à rechercher dans les récits mythiques de naissance, de mort et de renaissance du Soleil[35]. Ces idées seront reprises notamment par James Frazer qui explique l'origine des croyances mythiques de l'humanité par l'idée d'un "roi sacrificiel" associé au soleil en tant que dieu mourant et renaissant, et à la régénération de la Terre au printemps. L'hypothèse de Frazer suppose "la réalité historique de Jésus de Nazareth en tant que grande figure religieuse et morale[36] et que les doutes soulevés "ne méritent pas une attention sérieuse"[37], le témoignage des évangiles "apparaissant largement suffisant aux yeux de tout chercheur sans préjugé"[38] et que seuls les détails de la vie et de la mort de Jésus restent et resteront voilés dans les brumes de l'incertitude"[39]

On observe que tel récit reprend, apparemment, des éléments présents dans tel ou tel autre mythe et l'on conclut au syncrétisme, à l'emprunt à l'identité de l'un ou l'autre mythe, dans le projet de combler les manquants dans la documentation. On en tire la conséquence que si Jésus bénéficie, dans les écrits canoniques qui en parlent, d'une naissance virginale, d'une conception divine (comme Platon ou Alexandre dans leurs hagiographies respectives) et de miracles, alors Jésus n'a pas plus d'existence historique qu'Athena ou Mithra.

Manquent à ce raisonnement la preuve des contacts entre les deux corpus de récits, le travail philologique sur les textes, l'herméneutique qu'elle induit. Ce constat n'a rien à voir avec la foi ; il décrit ce qu'était l'état de l'art à l'époque où se développèrent les thèses mythistes. Il faudra attendre l'école de l'histoire des formes[40] pour que ce travail s'accomplisse. Alfred Loisy, avec ces arguments, s'oppose au mythisme[41].

Dans le monde anglo-saxon

L'allemand Bruno Bauer et l'anglais Edwin Johnson sont les deux principaux représentants du courant mythiste académique dans le monde anglo-saxon.

Bruno Bauer

Philosophe hegelien et historien, Bruno Bauer (1809 ; † 1882) s'inscrit dans la lignée de l'école mythologique de David Strauss qu'il critique dans ses ouvrages : Kritik der evangelischen Geschichte des Johannes (1840) sur l'Évangile de Jean, et Kritik der evangelischen Geschichte der Synoptiker (1841) sur les synoptiques.

Selon Bauer, le véritable fondateur du christianisme est le juif Philon d'Alexandrie qui adapte les idées juives au monde et à la philosophie héllenistique.

La thèse de Bauer a peu d'impact dans le milieu académique de l'époque, même si elle est louée à sa mort par le philosophe et théoricien socialiste Friedrich Engels[42].

La critique radicale hollandaise

À la fin du XIXe siècle un certain nombre de théologiens protestants s'opposent aux travaux des allemands de l'école de Tübingen, et remettent en cause l'authenticité des lettres de Paul. Ils forment le mouvement de la Critique radicale hollandaise (Hollandse Radicale Kritiek)[43]. Les principaux sont W.C. van Manen, A.D. Loman, Gerardus Johannes Petrus Josephus Bolland et G.A. van den Bergh van Eysinga. Parmi eux Loman et Bolland remettront en cause aussi l'existence historique de Jésus.

Gerardus Bolland continue le travail de Bauer et considère que le fondateur du christianisme est l'empereur Titus. À la différence de Bauer qui place l'évangile de Marc en premier, il restaure la priorité de l'évangile de Matthieu qui représente la judeochristianisation d'un évangile gnostique, tel l’évangile grec des Égyptiens (en) dont parlent Clément d'Alexandrie et Hippolyte de Rome. Le point central de l'évangile est, à ses yeux, la parabole du semeur, jetant ses semences sur des terrains variés avec des résultats tout aussi variés. Il assimile cette semence au discours stoïcien.

Abraham Dirk Loman, chargé de cours de 1856 à 1893 au Séminaire luthérien d'Amsterdam, puis à l'université d'Amsterdam. Pour Loman, les épisodes de la vie de Jésus, tel le Sermon sur la Montagne, sont des fictions écrites a posteriori pour justifier des tendances libérales qui se seraient fait jour dans le judaïsme du Ier siècle.

Edwin Johnson

Edwin Johnson (1842 ; † 1901), est l'auteur de Antiqua Mater: a Study of Christian Origins, (1887). Il considère que le Christianisme émerge d'une combinaison des tendances libérales du judaïsme du Ier siècle et du gnosticisme. Cet ouvrage connut une mauvaise critique de la part de W.C. Von Mannen, pourtant l'un des fondateurs du RadikalKritique[44].

Albert Kalthoff

Pour le philosophe et théologien allemand Albert Kalthoff (1850 ; † 1906)[45], le christianisme est un phénomène social apparu lors du contact des masses prolétariennes opprimées au sein de l'empire romain et des aspirations messianiques juives. L'histoire de Jésus n'est que celle de l'idée du Christ au sein des communautés chrétiennes.

Arthur Drews

Arthur Drews (1865 ; † 1935) est un philosophe allemand.

Il s'inspire des ouvrages de William Benjamin Smith, professeur de mathématique à la Nouvelle Orléans[46] auteur d'une triple observation : il note qu'il n'y a dans les lettres de Paul et des premiers apologistes chrétiens que peu d'allusion à l'activité publique de Jésus ; il lui semble inconcevable qu'une unique personne ait inspiré un mouvement religieux aussi important que le christianisme, et qu'une personne ait pu être aussi facilement et rapidement divinisée. Smith soutient donc l'idée d'un "Jésus" préchrétien, qui aurait été la divinité des gnostiques Naassènes (cités dans les Philosophoumena du pseudo Hippolyte de Rome) et de la secte juive des Nazôréens (cités par Épiphane, le nom de Nazaréens ne venant pas du village de Nazareth dont l'existence à l'époque serait très douteuse). Il donne plusieurs citations à l'appui de sa thèse. Le "par le Dieu des Hébreux, Jésus" du Papyrus magique de Paris (mais ce manuscrit date en fait seulement du IVe siècle)[47]. Le cas de Appolos et des disciples de Jean le Baptiste à Éphèse dans les Actes des Apôtres qui savent des « choses sur Jésus »[48], avant leur rencontre avec Paul. Les magiciens Elymas, surnommé Bar-Jesus (Actes xiii, 6–12), et Simon (Actes viii, 9–13) auraient été des fidèles de ce Jésus préchrétien.

Il publie Die Christusmythe en 1909 et Die Christusmythe. Zweiter Teil. Die Zeugnisse für die Geschichtlichkeit Jesu. Eine Antwort an die Schriftgelehrten mit besonderer Berücksichtigung der theologischen Methode. en 1911. Selon lui, Jésus est le produit des mythes et des idées apocalyptiques de son époque, dans la fusion d'idées gnostiques et de la philosophie hellénistique. Albert Schweitzer consacre tout un chapitre à sa théorie.

John M. Robertson

Le journaliste libre-penseur John M. Robertson (1856-1933) est l'auteur de Christianity and Mythology (Londres, 1900), Short History of Christianity (Londres, 1902), Pagan Christs, Studies in Comparative Theology (Londres, 1902) et The Jesus Problem — Restatement of the Myth Theory (Londres, 1917). Selon lui, le personnage de Jésus s'est développé à partir d'un culte juif de Josué, qu'il identifie à une divinité solaire. Apollonius de Tyane est le seul personnage messianique dont le caractère authentiquement historique est admis par l'auteur.


En France

En France ce courant a été dominé par les travaux de Paul-Louis Couchoud, philosophe, japonisant et helléniste, et de Prosper Alfaric[49].

Salomon Reinach

Salomon Reinach (1858 ; † 1932), archéologue spécialiste de l'histoire des religions publie en 1909 Orpheus[50].

Il ne soutient pas directement la thèse de la non-historicité, mais le peu de valeur documentaire des évangiles ; d'une certaine façon, il tient pour bonne la compréhension docète du personnage en se basant sur les épîtres de Paul, dont il ne parvient pas à accepter que toutes soit inauthentiques. Il insiste sur trois éléments qui lui semblent capitaux; À propos de la curiosité de Tibère ; Bossuet et l'argument des prophéties ; Simon de Cyrène; Une source biblique du Docétisme:

  • le silence des historiens autres que les rédacteurs chrétiens des évangiles,
  • l'absence de rapport de Ponce Pilate à l'attention de Tibère dans une civilisation aussi administrative que l'empire romain ;
  • le récit de la Passion reprend et développe la prophétie du psaume 22.[51],[52]. Ce serait donc une appropriation et une imitation du psaume. Cette imitation serait à l'origine de la pensée docète.

Ce livre ouvrit une polémique que la presse du temps nomma De Bello Orphico. Reinach avait réussi à réunir contre lui des historiens et exégètes de toutes tendances, depuis le catholique Lagrange o.p. jusqu'à Charles Guignebert, historien réputé athée[53]. Le motif de la polémique est l'usage du comparatisme structurel au moment même où Alfred Loisy et quelques autres historiens progressistes sont en train de mettre au point le comparatisme fonctionnel.

Paul-Louis Couchoud

Paul-Louis Couchoud commence par donner des conférences et des discussions informelles à l’Union pour la Vérité[Quoi ?] entre janvier et avril 1924, puis certaines d'entre elles paraissent sous forme d'articles au Mercure de France sous le titre Le Mystère de Jésus. Au fil des discussions, entre autres avec Maurice Goguel, son meilleur opposant, Paul-Louis Couchoud fait évoluer ses thèses et les affine. Ses points de départ sont que le seul témoignage qui vaille est celui de Paul de Tarse et que la conception docète du christianisme serait l'orthodoxie si Paul est le véritable fondateur du christianisme.

La théorie de Paul-Louis Couchoud présente une évolution au fil des discussions qu'il entretient avec le monde intellectuel et de ses divers engagements.

Dans une première version de sa thèse, Couchoud soutient que la méthode selon laquelle les historiens de son époque, d'Ernest Renan à Alfred Loisy, tentent de comprendre le personnage de Jésus et la genèse du christianisme est soumise à deux écueils principaux :

  • le premier est qu'il est inconcevable qu'en une génération ou moins un homme soit déifié ;
  • le second tient au fait que, du point de vue historique, Jésus échappe à l'historien faute de documentation suffisante. Testimonium Flavianum, douteux, est pour lui entièrement interpolé. Tout ce qui, dans le Talmud, concerne Jésus dépend du christianisme. Des trois « témoignages » païens, l'un, celui de Suétone ne connaît qu'un agitateur juif du nom de Chrestos et les deux autres, Pline le Jeune et Tacite attestent seulement de l'existence d'un mouvement chrétien et, pour ce qui est de l'origine de ce mouvement, ils répètent ce qu'en disent les chrétiens.

Pour Paul-Louis Couchoud, le Christ dont parle Paul n'est pas un être historique, mais un personnage idéal au sens platonicien du terme. Couchoud a une compréhension des valeurs du christianisme et de l'influence de la « croyance en Jésus » qui le distinguent des autres théoriciens. Selon Goguel, Couchoud n'assume pas une thèse mythiste, mais une thèse spiritualiste.

Dans une seconde version, Couchoud considère que « le Christ » tel que le présente la littérature paulinienne n'est pas une incarnation de YHWH, le Dieu de « toujours » du peuple juif, mais un nouveau dieu qui s'intègre dans le panthéon des « cultes orientaux ». La thèse mythiste devient la suivante : Jésus n'est pas un homme divinisé mais le dieu d'un culte à mystères humanisé par le récit qui en est fait. C'est là qu'il rejoint la conception docète du christianisme qui est l'un des gnosticismes.

La thèse de Paul-Louis Couchoud fut exposée successivement dans un article publié en 1924 dans le Mercure de France et suivie de conférences à l'Union pour la Vérité de janvier à avril 1924. L'Union pour la Vérité[54] était une institution culturelle à la recherche d'une sociabilité intellectuelle dans la bourgeoisie catholique et moderniste.

Elle est rassemblée dans le Mystère de Jésus, augmentée de 3 chapitres dans lesquels Couchoud tente de démontrer que l'étude de l'Apocalypse et des épîtres non-pauliniennes confirme ses vues tirées des épîtres pauliniennes. L'ensemble est publié au Mercure de France en mars 1924.

Le livre de Couchoud, le Mystère Jésus a été traduit en anglais ; il a donc une filiation parmi les mythistes américains alors même qu'il s'inspirait de Robertson.

Les thèses de Couchoud seront critiquées par le père Léonce de Grandmaison et surtout Maurice Goguel qui publie un tour d'horizon des thèses mythistes Jésus de Nazareth : Mythe ou Histoire ?[55].

Plus personne ne tente de recréer une Vie de Jésus comme le fit Strauss. Au contraire, on confronte les éléments du récit des évangiles à l'histoire de la Syrie-Palestine au Ier siècle et celle du judaïsme du second temple au premier siècle, pour évaluer la possibilité de tel ou tel évènement, voir le « réalisme » de tel ou tel évènement. Cela se nomme la contextualisation ou encore le Sitz im Leben selon les écoles. On aboutit donc à des « portraits en creux ».

Prosper Alfaric

En 1919, Prosper Alfaric (1876 ; † 1955) est nommé à la chaire d'histoire des religions de l'université de Strasbourg[56], et c'est le seul mythiste universitaire francophone. Cette nomination est fort discutée et fait scandale chez les catholiques comme chez les protestants. Il est alors soutenu par Alfred Loisy et Charles Guignebert, libre-penseur et professeur d'histoire du christianisme à la Sorbonne, qui pourfendra le mythiste Couchoud. Avec ce dernier et Albert Bayet, Alfaric publie en 1932 Le Problème de Jésus et les origines du christianisme, et est excommunié la même année.

Pour Alfaric, les quelques textes d'auteurs non-chrétiens qui évoquent Jésus-Christ sont interpolés par les chrétiens. Il s'appuie sur l'absence de toute mention de Jésus chez certains auteurs anciens. En particulier, il signale l'histoire des rois juifs de Juste de Tibériade, récit dans lequel la vie de Jésus aurait dû trouver une place. L'œuvre de Juste a disparu, mais Photios la lut au IXe siècle de l'ère commune et s'étonne de rien trouver concernant « la venue du Christ, les événements de sa vie, les miracles qu'il fit ». Il remarque en outre les similarités de Jésus est avec les dieux des cultes à mystères, Isis ou Mithra.

Dès la découverte des grottes de Qumran, Prosper Alfaric soutiendra l'origine essénienne du christianisme.

Alfaric publie ses articles sur ce thème que dans des bulletins rationalistes comme le bulletin du cercle Ernest Renan et les cahiers de l'Union Rationaliste. Ce dernier est fondé en 1930 par Paul Langevin qui y adopte le mythisme comme doctrineréf. à confirmer : [57]. Par contre, il ne publie pas dans les revues universitaires comme la Revue historique de Gabriel Monod ou la Revue d'Histoire des religions d'Émile Guimet. Ses travaux, à l'origine de la plupart des théories mythistes contemporaines, sont cependant restés confinés aux cercles des spécialistes pendant une cinquantaine d'années, jusqu'à ce que le philosophe Michel Onfray préface en 2005 la publication d'un regroupement des articles et de conférences d'Alfaric sous le titre Jésus-Christ a-t-il existé ?[58].

Arthur Heulhard

Arthur Heulhard (1849 ; † 1920), journaliste et critique musical, publie Le Mensonge chrétien, Jésus-Christ n'a pas existé (1908–1910) et La Vérité Barabbas, Le mensonge Jésus ; Tu es Petrus, l'histoire et la légende, (1913–1914). Selon lui, c'est Jean-Baptiste et non Jésus qui se proclame Christ et Fils du Père (Bar Abba en araméen), et il n'a pas été décapité. Et c'est Barabbas qui est crucifié par Pilate pour assassinat, vol et trahison. Un siècle après, les évangélistes lui auraient substitué le personnage imaginaire d'un Jésus, victime innocente, afin d'exploiter lucrativement la rédemption des péchés par le baptême.

Pour l'historien Maurice Goguel, Arthur Heulhard est le plus prolifique des « polémistes dont l'œuvre tient plus du roman historique que de l'histoire ».[59]).

L'entre-deux-quêtes

Dans la première moitié du XXe siècle, la recherche du Jésus historique subit sinon une crise du moins une pause. L'ouvrage d’Albert Schweitzer Geschichte der Leben Jesu-Forschung (1906) (Histoire de la recherche sur la vie de Jésus), synthétise les travaux de ce qu'on appellera la première quête, et cite les principales thèses mythistes de l'époque. Il montre surtout que les vies de Jésus telles qu'elles ont été construites au XIXe siècle (les plus fameuses étant celles de David Strauss et d'Ernest Renan) nous en apprennent plus sur leurs auteurs que sur Jésus, faute de critères objectifs pour déterminer ce qui est historique dans les évangiles. Les travaux de l'École de l'histoire des formes, menée notamment par Martin Dibelius et Bultmann, analyseront minutieusement la composition littéraire des évangiles et procéderont à leur « démythologisation ». Bultmann en arrivera à la conclusion qu'on ne peut rien dire du Jésus historique, parce que les évangiles n'ont pas été écrits et conservés pour raconter le « Jésus de l'histoire » tel qu'il a vécu, enseigné, et été crucifié, mais pour témoigner du « Christ de la foi » des communautés au sein desquelles ils ont été composés. Les travaux ne reprendront que dans les années 1950 avec la deuxième quête et la recherche de critères objectifs d'historicité.

Pendant cette période, les thèses mythistes connurent un certain retentissement dans le grand public. En Allemagne en particulier, les thèses d'Arthur Drews furent l'objet d'une propagande importante, et la controverse ne se limita pas aux publications scientifiques, mais prit la forme de tracts, d'ouvrages populaires et de débats publics.

Ces thèses reçurent un grand nombre de réponses parmi lesquelles celles de Schweitzer, de Wilhelm Bousset (Was wissen wir von Jesus? , S. J. Case[60], (Historicity of Jesus, 1912), Charles Guignebert, (Le problème de Jésus, 1914)…

En 1927, le philosophe Bertrand Russell, dans Why I Am Not a Christian, écrit : « Historically, it is quite doubtful whether Christ ever existed at all, and if He did we do not know anything about Him, so that I am not concerned with the historical question, which is a very difficult one ».

En 1933, Charles Guignebert notera que les thèses mythistes n'ont réussi à convaincre personne chez les spécialistes[61]. Et depuis elles n'ont trouvé aucun défenseur dans les milieux académiques.

En France, crise moderniste et développement des sciences religieuses laïques[62]. Gabriel Monod s'inquiète dans la Revue Historique du devenir de la « science catholique des évangiles »[63] au lendemain des premières interdictions.

Depuis les années 1930

Après les discussions des années 1930, la question de l'historicité a été considéré comme définitivement tranchée par les historiens spécialistes. Les recherches sur le Jésus historique ont repris dans les années 1950, avec de nouvelles approches et méthodologies, et la découverte de nouveaux textes comme la bibliothèque de Nag Hammadi et les manuscrits de Qumrân qui apportent des éléments sur le contexte religieux des débuts du christianisme. Rien de tout cela n'a remis en question l'historicité de Jésus de Nazareth.

Cependant, en dehors du milieu académique et universitaire et du système de publication et de validation des revues et éditeurs scientifiques, divers auteurs ont continué à soutenir la thèse de l'inexistence historique de Jésus, et à proposer des théories alternatives pour la naissance du christianisme et l'écriture du Nouveau Testament. Ces thèses n'ont aucune réception chez les spécialistes du Nouveau Testament et du christianisme ancien.

Dans le monde francophone

Courant ésotérique
Daniel Massé

Le juriste Daniel Massé (né en 1872)[64] publie en 1926 aux éditions du Siècle L'Énigme de Jésus-Christ[65] Il y soutient que Jésus est en fait Jean de Gamala, le fils de Judas de Gamala. Il avance aussi que la rédaction des Évangiles résulte d'une volonté délibérée de l'Église de falsifier l'histoire et que l'exégèse est une discipline ecclésiastique visant à catéchiser les foules.

Robert Ambelain

L'occultiste et franc-maçon Robert Ambelain (1907 ; † 1997), publie Jésus ou le mortel secret des Templiers (Robert Laffont, 1970), ensuite La Vie secrète de saint Paul (1972), pour finir avec Les lourds secrets du Golgotha (1974). Il reprend la thèse de Daniel Massé (celle d'un Jésus zélote), qu'il estime victime d'une cabale qui en explique le peu de succès. C'est la découverte de ce secret caché par l'Église qui aurait causé la chute de l'Ordre des Templiers.

Bernard Dubourg

Bernard Dubourg (1945 ; † 1992) est l'auteur de L’Invention de Jésus (1987–1989)[66]. Selon lui, la critique de la Bible n'est pas faite « par la seule fainéantise des chercheurs et leur soumission aux Églises », et un silence absolu se serait étendu sur les origines juives du christianisme. Il soutient que le Nouveau Testament a été écrit originellement en hébreu selon la technique d'exégèse du midrash, les textes grecs en étant des traductions littérales. Dans ce cadre, Jésus et Paul de Tarse sont des personnages fictifs. Pour soutenir sa thèse, Dubourg fait une rétroversion des évangiles du grec vers l'hébreu, y trouvant des correspondances numérologiques (guématriques) avec l'Ancien Testament.

Autres auteurs dans les milieux rationalistes ou athées

Parmi les auteurs ayant défendu la thèse mythiste, on peut également citer les Georges Las Vergnas, Guy Fau (La Fable de Jésus-Christ (1964) et Georges Ory (les deux derniers étant membres de l'Union rationaliste).

Paul-Éric Blanrue, fondateur du Cercle zététique.

Michel Onfray

Le philosophe Michel Onfray[67] reprend les thèses mythistes de Paul-Louis Couchoud et d'Alfaric dans sa Contre-Histoire de la Philosophie et dans son Traité d'athéologie. Il a préfacé la réédition des articles d'Alfaric.

Foessel[68] regrette à son sujet que le Sitz im Leben ne soit ni évoqué ni retenu, alors que, pour les présocratiques, il y prête une grande attention.

Dans le monde anglo-saxon

La thèse mythiste connaît un renouveau dans le monde anglo-saxon, mais son écho dans les milieux académiques demeure, pour l'instant, relativement limité.

Earl Doherty

Le canadien Earl Doherty (né en 1941), titulaire d'un diplôme en histoire ancienne et Langues classiques, a publié en 1999 The Jesus Puzzle; Did Christianity begin with a mythical Christ? . Il s'inscrit dans la lignée de G. A. Wells et de Paul-Louis Couchoud dont le livre Le Mystère de Jésus[69], fut traduit en anglais[70].

Earl Doherty prend en compte l'état de de la recherche sur le christianisme ancien, partir des problématiques issues du problème synoptique, du corpus johannique et du corpus paulinien.

Selon lui Paul de Tarse et l'auteur de l'évangile de Marc (qu'il place après 90 après J.-C., alors que la plupart des spécialistes du Nouveau Testament le date vers 70) ne croyaient pas en Jésus comme en une personne ayant vécu sur la Terre dans un cadre historique, mais voyaient en lui un héros mythique, fondé sur les prophéties de l'Ancien Testament dans le contexte d'un syncrétisme religieux judéo-hellénistique.

C'est seulement la deuxième génération de chrétiens qui a donné une interprétation historique au mythe de Jésus, entre le Ie et le IIe siècle, en fusionnant l'évangile de Marc et la source Q, recueil de paroles anonymes. Les Actes des Apôtres sont un ouvrage tardif reposant sur la légende.

Tom Harpur

Le canadien Tom Harpur a publié en 2005 Le Christ païen. Pour lui La thèse du «la doctrine chrétienne n'est rien d'autre qu'un égyptianisme retapé et mutilé» surlequel se serait fondée la fable mythique du Christ, qui serait donc d'origine païenne. Le personnage "historique" de Jésus de Nazareth aurait été inventé au IIIe et IV siècles par l'église chrétienne dominante.

Timothy Freke et Peter Gandy : Les Mystères de Jésus

Le livre Jesus Mysteries (titre original en anglais) de Timothy Freke et Peter Gandy, a eu un certain succès de librairie.

Leur thèse est que Jésus est un personnage de fictions mélangées en un seul homme présenté comme l'origine du Christianisme. Plusieurs personnages furent synthétisés en un, pour la plupart issus du mythe solaire, reflété par les histoires de déités populaires dans l'empire romain telles Mithra, Hercule, Dionysos. L'histoire de Jésus dépeinte dans les évangiles serait quasiment identique à celle des précédents « dieux sauveurs » tel Horus.

Autres

Alvar Ellegård

Le suédois Alvar Ellegård[71] (1919 - 2008), professeur d'Anglais à l'Université de Göteborg, a publié après sa retraite Myten om Jesus: den tidigaste kristendomen i nytt ljus (Le mythe de Jésus)[72]. Selon Lui le Jésus originel est le Maître de Justice, qui avait été le leader de la communauté essénienne de Qumrân, 150 ans avant l'époque décrite par les évangiles. Et c'est Paul de Tarse qui a créé le christianisme. Paul aurait été en contact avec la secte qui gardait les manuscrits de la mer Morte. À l'appui de sa théorie, Ellegård fait le lien entre le document de Damas, où il est raconté que les esséniens auraient quitté Jérusalem pour le "pays de Damas", et le chemin de Damas, où Paul aurait reçu sa vision de Jésus-Christ. Pour Ellegård, dans les deux cas "Damas" désignerait symboliquement Qumrân.

Luigi Cascioli

L'italien Luigi Cascioli (né en 1934), auteur italien de La Fable du Christ - Irréfutable démonstration de la non existence de Jésus, affirmant que le Christ est une fiction inventée par l’Église sur la personne d'un certain Jean de Gamala, fils de Judas le Galiléen. Luigi Cascioli a défrayé la chronique en poursuivant en justice l'Église catholique à travers un de ses prêtres pour abus de la crédulité populaire concernant l'existence de Jésus[73].


Notes et références

  1. voir par exemple Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique, Éd. du Seuil, coll. Points Histoire, 1975. [1]
  2. "From the point of view of Roman history of the first century, Jesus was a nobody. A man of no social standing, who achieved brief local notice in a remote and little-loved province as a preacher and miracle-worker, and who was duly executed by order of a minor provincial governor, could hardly be expected to achieve mention in the Roman head-lines. Even his fellow-countrymen who did not respond to his mission would not be likely to think much of him once his execution had put paid to his claims." R. T. France Truth Journal The Gospels As Historical Sources For Jesus, The Founder Of Christianity
  3. Serge Bardet : Le Testimonium flavianum, Examen historique, considérations historiographiques, avec une postface de Pierre Geoltrain, éd. Cerf, 2002 - cet ouvrage fait la synthèse des arguments avancés en faveur des différentes hypothèses.
  4. John Paul Meier, Un certain Juif : Jésus, I. Les données de l'histoire - Les sources, les origines, les dates, éd. Cerf, 2004, p.61-63
  5. "Cette hypothèse [la falsification des Annales] a rencontré la plus totale indifférence, manuels ou bibliographies ne la mentionnent même pas" : Henri Irénée Marrou, De la connaissance historique , Éd. du Seuil, coll. Points Histoire, 1975. p130-139 [2].
  6. « The brief notice in Tacitus Annals xv.44 mentions only his title, Christus, and his execution in Judea by order of Pontius Pilatus. Nor is there any reason to believe that Tacitus bases this on independent information-it is what Christians would be saying in Rome in the early second century ... No other clear pagan references to Jesus can be dated before AD 150, by which time the source of any information is more likely to be Christian propaganda than an independent record. », R. T. France Truth Journal The Gospels As Historical Sources For Jesus, The Founder Of Christianity
  7. Jésus de Charles Guignebert, 1933, page 23
  8. Jésus 1933 - édition de 1969 par Albin Michel p.67
  9. certains de ces arguments sont présentés dans Gérard Mordillat et Jérôme Prieur Jésus contre Jésus, le Seuil , 2000, pp.41-43
  10. Maurice Goguel, Jesus the Nazarene: Myth or History, London, 1926, p. 72[3]
  11. Robert Van Voorst Jesus Outside the New Testament, 2000, p. 15 : « [Les mythistes ont échoué] à expliquer de façon satisfaisante aux historiens pourquoi, si les chrétiens ont inventé le Jésus historique autour de l'année 100, aucun des païens ou des juifs qui s'opposèrent au christianisme ne nièrent l'historicité de Jésus ou même ne la mirent en question. » (« [Mythologists have failed to] explain to the satisfaction of historians why, if Christians invented the historical Jesus around the year 100, no pagans and Jews who opposed Christianity denied Jesus' historicity or even questioned it »)
  12. en ce qui concerne les sources juives : « Au plus tard au début du second siècle, Jésus était connu et exécré comme un faiseur de miracles et un prédicateur qui avait rassemblé de nombreux disciples, et avait été justement exécuté comme "quelqu'un qui détournait Israël de son chemin". Aussi peu flatteur que cela soit ; cela constitue, de façon déformée, une preuve de l'impact des miracles et de l'enseignement de Jésus. La conclusion, selon laquelle cela repose uniquement sur les prétentions des chrétiens, et que "les juifs du second siècle adoptèrent sans le remettre en doute le présupposé chrétien que Jésus avait réellement existé" est uniquement dicté par un scepticisme dogmatique. Il est peu vraisemblable que ces polémiques, reprenant souvent des "éléments" différents de ceux auquels les chrétiens croyaient, soient apparus en moins d'un siècle au sujet d'une figure inexistante » (« By at least the early second century Jesus was known and abominated as a wonder-worker and teacher who had gained a large following and had been duly executed as 'one who lead Israel astray.' Uncomplimentary as it is, this is at least, in a distorted way, evidence for the impact Jesus' miracles and teachings made. The conclusion that it is entirely dependent on Christian claims, and that 'Jews in the second century adopted uncritically the Christian assumption that he had really lived' is surely dictated by dogmatic scepticism. Such polemic, often using 'facts' quite distinct from what Christians believed, is hardly likely to have arisen less than a century around a non-existent figure ») R.T. France, The Evidence for Jesus London, 1986, p. 39
  13. Maurice Goguel, Jesus the Nazarene: Myth or History, London, 1926
  14. « Les savants sont divisés sur la valeur réelle des critères de discernement du Jésus historique ». Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ? Bayard 2000, page 883.
  15. Pierre Geoltrain, Encyclopædia Universalis, art. Jésus, éditions de 1965 à 2002.
  16. Jésus (Albin Michel, 1933, réed. 1969)
  17. Alfred Loisy, Revue d’histoire et de littérature religieuse, 1922, p. 297-298 cité par Mordillat et Prieur Jésus contre Jésus p. 77
  18. Maurice Goguel, Jésus de Nazareth, mythe ou histoire ? Payot 1925, p. 95. - Jesus the Nazarene: Myth or History, London, 1926, p. 79 [4]
  19. (en) Site du Jesus Project
  20. http://www.robertmprice.mindvendor.com/response_rjh.htm
  21. « Frankly, I find the Project’s main project rather boring, as well as tedious - considering the question of whether Jesus existed. I think we might just as well have a debate about whether Julius Caesar ever existed. » source.
  22. http://www.centerforinquiry.net/jesusproject
  23. For scholars, a combustible question: Was Christ real? Toronto Star du 27-12-2008 - Scholars to explore existence of Jesus The Buffalo News du 28-11-2008
  24. cf. en:Robert M. Price
  25. Robert M. Price, The Incredible Shrinking Son of Man: How Reliable is the Gospel Tradition?. Amherst, N.Y.: Prometheus Books, 2003. ISBN 1-59102-121-9.
  26. Journal of Higher Criticism
  27. Le Jésus de l'histoire par Didier Fougeras, coordinateur de la Nouvelle Bible Segond. Reflexion sur l'état de la recherche à propos du Jésus historique.
  28. Charles Guignebert, "Jésus", 1933, p. 63.
  29. en fait selon Léon Vaganay et Christian B. Amphoux, (Initiation à la critique textuelle du Nouveau Testament, CERF) la question des incohérences apparaît dès les temps de la copie et des premières traductions des textes bibliques (e.g. la Peshitta), les corrections du copiste étant le plus souvent des remèdes à ce que le copiste trouve incohérent.
  30. Histoire de l'établissement du christianisme sur Wikisource
  31. « Chrétiens catholiques » dans le Dictionnaire philosophique' de Voltaire
  32. Dieu et les hommes, par le docteur Obern, œuvre théologique, mais raisonnable traduite par Jacques Aimon (1769)[5]
  33. voir [6]
  34. Comme quoi Napoléon n’a jamais existé Jean-Baptiste Pérès, 1827
  35. Max Müller, Mythologie comparée, édition établie, présentée et annotée par Pierre Brunel, Robert Laffont, Bouquins, 2002.
  36. "the historical reality of Jesus of Nazareth as a great religious and moral teacher"
  37. "unworthy of serious attention"
  38. "appears amply sufficient to establish these facts to the satisfaction of all unprejudiced enquirers"
  39. "only the details of the life and death of Christ that remain, and will probably always remain, shrouded in the mists of uncertainty."(en) JG Frazer, The Golden Bough - A Study in Magic and Religion, Cosimo (ISBN 978-1596056855) 
  40. (Voir Jésus selon l'exégèse contemporaine)
  41. Alfred Loisy, Les mystères pains et le mystère chrétien, Nourry 1930
  42. Bruno Bauer und das Urchristentum (Bruno Bauer et le christianisme primitif) article du Sozialdemokrat 4–11 mai 1882 (en)[7]
  43. (de) http://www.radikalkritik.de/ (en) http://www.radikalkritik.de/in_engl.htm.
  44. W.C. Von Mannen, , De Nederlandsche Spectator 1887, 317-320.
  45. Albert Kalthoff, Das Christusproblem, Grundlinien zu einer Sozialtheologie, Leipzig, 1902–3; Die Entstehung des Christentums, Leipzig, 1904; Was wissen wir von Jesus? Berlin, 1904.
  46. W. B. Smith, Der vorchristliche Jesus (Giessen, 1906); Ecce Deus; The pre-Christian Jesus (American Journal of Theology, 1911)
  47. Grand papyrus magique de la Bibliothèque nationale de Paris (PGM IV, 297–408) (IVe s.), trad. du grec : Manuel de magie égyptienne, Paris, Les Belles Lettres, "Aux sources de la tradition", 1995, 165 p.
  48. (Actes XVIII, 24–8 and XIX, 1–7.
  49. Ses travaux ont été récemment réédités sous la direction de Michel Onfray.
  50. Orpheus, Histoire générale des religions, 1909 livre en ligne
  51. Voir Psaume 22.
  52. Voir la réfutation par Bossuet ainsi que la réponse de Salomon Reinach dans Cultes, Mythes et Religions pp. 1102–1006.
  53. François Laplanche, La Science catholique..., op. cit.
  54. Anne Heurgon-Desjardins (présente) Études, Témoignages et Documents Inédits, Paul Desjardins et les décades de Pontigny Actes du colloque de 1959, Presses Universitaires de France 1964
    François Chaubet, Paul Desjardins et les Décades de Pontigny, Presses Universitaires du Septentrion ISBN 2-85939-606-3 - janvier 2000
  55. Payot, 1926, version anglaise en ligne
  56. Claude Lorentz, Les Fonds anciens de l’Université Marc-Bloch de Strasbourg : historique, essai d’évaluation et situation générale, Mémoire d'étude pour l'École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques, 2000. Document en ligne.
  57. François Laplanche, op.cit.
  58. Jésus a-t-il existé ?, préfacé par Michel Onfray, éd. Corda, 2005.
  59. Maurice Goguel Jésus de Nazareth : mythe ou histoire (1926) ch. 1 (en) Jesus the Nazarene: Myth or History By Maurice Goguel (1926)
  60. professeur au Department of New Testament Literature and Interpretation à l'Université de Chicagotexte en ligne.
  61. Jésus 1933, p. 67, édition de 1969, Albin Michel.
  62. Aux origines des sciences religieuses en France : la laïcisation du savoir (1810–1886) Article de Claude Langlois, directeur de l'Institut européen en sciences des religions, ancien professeur à l'Université Libre de Bruxelles.
  63. Émile Poulat, op. cit.
  64. http://www.marc-hallet.be/masse.html
  65. http://www.histoire-christ-gnose.org/Masse_Tome_1.pdf L'Énigme de Jésus-Christ I] - L'Énigme de Jésus-Christ II, Jean-Baptiste et Jean le disciple aimé -L'Énigme de Jésus-Christ III, L'Apocalypse et le royaume de Dieu.
  66. (Tome I : L’hébreu du Nouveau Testament, Gallimard, « L’Infini », 1987. Tome II : La fabrication du Nouveau Testament, Gallimard, « L’Infini », 1989.)
  67. L'archipel Pré-Chrétien, Conférences de l'université Populaire de Caen, Diffusion France Culture en 2005, CD disponible aux Editions Fremeaux
  68. "l'athéisme dérisoire de Michel Onfray", par Michael Foessel ; recension du Traité d'athéologie, revue Esprit de mai 2005
  69. Le Mystère de Jésus, éditions Rieder, 1924.
  70. Maurice Goguel Recent French Discussion of the Historical Existence of Jesus Christ, The Harvard Theological Review, Vol. 19, no 2, avril 1926, pp. 115–142.
  71. en:Alvar Ellegård
  72. (sv) Myten om Jesus: den tidigaste kristendomen i nytt ljus, Bonniers (Stockholm 1992). ISBN 91-34-51245-4 - (en)Jesus – One Hundred Years Before Christ: A Study In Creative Mythology, (London 1999). ISBN 0-87951-720-4
  73. Richard Owen, Prove Christ exists, judge orders priest, in The Times, 03/01/2006, article en ligne

Voir aussi

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