Louis Langomazino

Louis Langomazino

Louis Langomazino, né le 11 septembre 1820 à Saint-Tropez et mort en 1885 à Papeete, est un militant républicain français.

Sommaire

Toulon

Arrivé à Toulon en 1828, il est engagé comme ouvrier mécanicien à l’arsenal de Toulon en 1835, comme apprenti forgeron, secteur très syndicalisé de l’arsenal[1]. Il adhère à la Société d’union et d’encouragement qui unit les ouvriers, et y joue un rôle actif. Il invite notamment Flora Tristan, qui est enthousiasmée par sa visite à l’été 1844, et prononce le discours d’adieux le 4 août[2]. Il est parmi les meneurs de la grève de l'arsenal de mars 1845, qui mobilise près de 2 000 ouvriers[2], ce qui provoque son licenciement.

Marseille

Il part alors pour Marseille, où il milite activement dans le mouvement républicain et occupe des postes à responsabilité. Il entre à l’Athénée ouvrier de Marseille, qui permet aux jeunes hommes de faire des lectures et propose des cours aux ouvriers[3]. Il en devient président en 1847 et y accueille Lamartine, crée une bibliothèque, publie des poèmes.

La Révolution de 1848

En mars 1848, il est nommé capitaine par les ouvriers qui ont constitué leur propre compagnie de la Garde nationale, et se présente aux élections complémentaires en juin, sans succès. En octobre, il entre comme rédacteur à La Voix du Peuple, quotidien républicain et peu onéreux, qui tire à 3000 exemplaires, essentiellement dans les Bouches-du-Rhône et le Var[4].

Il est envoyé à Digne pour y relayer La Voix du Peuple et la publier dans les Basses-Alpes et les Hautes-Alpes[5]. En août 1849, il est jugé pour « incitation à la haine et au mépris du gouvernement » : après un plaidoirie pro domo, il est acquitté par le jury d’assises[6].

Il fonde la Solidarité des Travailleurs et crée en février 1850 L’Indépendant des Basses-Alpes en février[7] et continue d’être un actif militant républicain[8], à la fois comme journaliste promoteur des idées républicaines les plus avancées, mais aussi en parcourant le département pour y relancer les sociétés populaires créées en 1848 et convertir les chambrettes[5]. Ailhaud de Volx signe fréquemment dans son journal[9] avant son interdiction en juillet[9].

Il est arrêté le 25 octobre dans le cadre du faux complot de Lyon, et jugé en août 1851 par le conseil de guerre[6].

Les exils

Condamné, il est déporté avec sa famille, ainsi qu'avec Alphonse Gent et Albert Ode (condamnés en même temps que lui) et leurs familles, sur l’atoll de Nuku Hiva, aux îles Marquises, où il travaille comme forgeron pour le pénitencier de Taiohae. Lors d'une escale à Rio de Janeiro, le commandant de la flotte les autorise à recevoir une souscription lancée par des Français[10]. Langomazino se détache progressivement de ses compagnons d'armes[10]. Se concentrant sur les travaux manuels, tandis que ses compagnons ne renient rien de leur engagement politique, sa condamnation est commuée le 23 juin 1853 en bannissement ; il est autorisé à résider provisoirement à Tahiti[10].

Il s'y installe alors, et devient défenseur au tribunal de Papeete, mais doit s’exiler quelques années à Valparaíso[11]. Le gouverneur de Tahiti demande son amnistie par une lettre du 12 janvier 1858 et Longomazino est autorisé à se rendre à Gênes en 1859[10]. En fait Longomazino s’établit à Tahiti, où il devient magistrat.

Revenu à Papeete, il rédige la Codification des actes du gouvernement, devient ensuite directeur de l’imprimerie gouvernementale (1862), juge d'instruction (1864-1870) puis avocat (1870-1885)[11].

Lire

Dominique Lecoeur, Louis Langomazino (1820-1885). Un missionnaire républicain de la Provence aux îles Marquises, Mane, Association 1851 et Alpes de Lumière

Sources

  • Christian Maurel, « André Ailhaud, dit de Volx, héros de l’insurrection républicaine bas-alpine de 1851 », Provence 1851 : une insurrection pour la République, Actes des journées de 1997 à Château-Arnoux et de 1998 à Toulon, Association pour le 150e anniversaire de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851, Les Mées, 2000, p 34-81
  • Dominique Lecœur, « Du socialisme ouvrier à la république des paysans, l’itinéraire de Louis Langomazino », Provence 1851 : une insurrection pour la République, Actes des journées de 1997 à Château-Arnoux et de 1998 à Toulon, Association pour le 150e anniversaire de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851, Les Mées, 2000, p 82-90

Notes

  1. Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 83
  2. a et b Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 85
  3. Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 86
  4. Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 87
  5. a et b Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 88-89
  6. a et b Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 89
  7. Christian Blanc, Jean Vivoli (illustrateur), Les insurgés républicains d’Oraison et du Val de Rancure, décembre 1851, Oraison, Association Rancure, 2008, ISBN 978-2-9531011-0-2, p 56
  8. Blanc-Vivoli, Les Insurgés…, p 50-51
  9. a et b Christian Maurel, André Ailhaud, dit de Volx, héros de l’insurrection républicaine bas-alpine de 1851, p 58
  10. a, b, c et d Louis-José Barbançon, La loi de déportation politique du 8 juin 1850 : des débats parlementaires aux Marquises. 1/3, Revue Criminocorpus, dossier n°2
  11. a et b Dominique Lecœur, Du socialisme…, p 90

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Louis Langomazino de Wikipédia en français (auteurs)

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