Anemie aplasique

Anemie aplasique

Anémie aplasique

Une anémie aplasique (ou aplastique) est une atteinte de la lignée des érythrocytes (globules rouges).

Sommaire

Étiologie

L'anémie aplasique, relativement fréquente, peut être secondaire et due :

  • soit à un agent myélotoxique,
  • soit à une idiosyncrasie.
  • Dans la moitié des cas, on ne lui trouvera pas d'explication et elle sera dite primitive.

Les agents myélotoxiques

De nature très diverse, ils ont en commun :

  • la constance de leur effet, quel que soit le sujet exposé,
  • la proportionnalité entre l'effet myélotoxique et la dose,
  • et la proportionnalité de l'effet avec la durée d'exposition.

On peut grouper ici :

  1. Les radiations ionisantes (R.X., isotopes, explosifs nucléaires).
    L'anémie aplasique se développe parfois avec un grand retard sur l'exposition (20 ans après Hiroshima). Elle est souvent associée à un ensemble complexe de symptômes de dépérissement progressif (wasting disease) : chute des cheveux, diarrhée chronique, cachexie. Elle se transforme facilement en leucémie aiguë.
  2. Les médicaments antiblastiques utilisés dans les traitements de cancers (moutardes azotées, uréthane, amethoptérine, 6-mercaptopurine, myleran, etc...). L'anémie aplasique est une complication du traitement des affections malignes (leucémies, cancers) par ces drogues.
  3. Le benzène et ses dérivés. Le benzène (ou benzol) est (était?) utilisé comme solvant organique dans l'industrie chimique, comme additif de l'essence de voiture et comme dégraissant de pièces mécaniques.
  4. La phénacétine était un médicament vendu sans prescription utilisé comme analgésique. Il a été retiré de la vente pour ses effets secondaires (insuffisance rénale, anémie aplastique) dans l'Union Européenne.

Agents à action idiosyncrasique ou action toxi-allergique

Ils se caractérisent par :

  • le caractère imprévisible de leur toxicité : non-toxique pour la plupart des personnes et, souvent d'un emploi courant en médecine, ils se révèlent extrêmement dangereux chez certains sujets;
  • l'absence de rapport entre la dose et l'effet idiosyncrasique : quelque fois une seule exposition peut être fatale;
  • l'absence de rapport entre l'effet et la durée d'exposition : dans certains cas, l'aplasie médullaire se développe soudain après une longue période d'exposition apparemment bien tolérée; dans d'autres cas, elle peut apparaître insidieusement, longtemps après la fin de l'exposition ou à l'occasion d'une réexposition.

Le mécanisme d'action de ces agents est mal connu. Peut-être s'agit-il, dans certains cas, d'une déficience enzymatique constitutionnelle. Plus souvent, semble-t-il, l'idiosyncrasie évoque les caractères d'une auto-sensibilisation (élaboration d'anticorps contre le médicament).

Les principaux agents à action idiosyncrasique sont :

  1. certains agents anti-microbiens
    1. Le chloramphénicol (choromycétine), cet antibiotique a donné des preuves suffisantes de ses propriétés aplasiantes pour qu'il soit retiré du marché (sous forme per os) dans l'Union Européenne : les accidents sont rares (environ 0,1%) mais presque toujours mortels.
    2. A titre de très grande rareté, des aplasies dues aux sulfamidés, aux tétracyclines et à la streptomycine ont été signalé.
  2. les anti-convulsivants dont la mésantoïne,
  3. les antithyroïdiens : ceux-ci donnent plus volontiers de l'agranulocytose qu'une pancytopénie,
  4. les antihistaminiques (rarement),
  5. les insecticides,
  6. les sels d'or : l'agranulocytose est plus fréquente que l'aplasie complète,
  7. exceptionnellement des substances diverses comme : la trinitrine, la phénylbutazone, la chlorpromazine, le méprobamate, les sels de bismuth et de mercure, l'argent colloïdal, le tétrachlorure de carbone, les teintures de cheveux.

Aplasies médullaires apparemment primitives

Dans plus de 50% des cas, l'étiologie de l'anémie aplasique n'est pas retrouvée. Dans ces cas, 3 suppositions sont possibles :

  1. Il peut s'agir d'une exposition à un agent idiosyncrasique ou régulièrement toxique, inconnu, insoupçonné ou oublié (puisque certains de ces agents agissent à retardement).
  2. Il peut s'agir d'une auto-immunisation contre le tissu hématopoïétique. Cette dernière étiologie est de plus en plus fréquemment envisagée depuis qu'existe l'anémie hémolytique auto-immunitaire héréditaire par tumeur du thymus chez la souris et que des cas de tumeur thymique humaine avec anémie aplasique ont été rapportés.
  3. Une autre possibilité peut mettre en cause un ou plusieurs virus.

Pour les anémies aplasiques dites "primitives" (dont on ne sait pas la cause exacte de la maladie), un traitement possible est la greffe de moelle osseuse.

Symtômes et évolution

Le début est généralement insidieux et se marque par de la fatigue et de la pâleur (précession de l'anémie). Des infections (gingivites, angines, inf. respiratoires, septicémie) et hémorragies (gingivorragies, épistaxis, hématémèses, purpura, hém. cérébrales) prennent une importance croissante et finissent par emporter le malade. Ce stade final constitue un syndrome appelé l'aleucémie de Frank.

La rate est assez souvent palpable sans être grande. On l'attribue généralement à un certain raccourcissement de la vie globulaire moyenne qui entraîne un surcroit de travail pour le SRE.

L'évolution est imprévisible mais la mortalité dépasse 50%. Le pronostic serait moins sombre pour les cas à étiologie connue, où il est possible d'arrêter l'exposition à l'agent causal. On a voulu aussi distinguer des cas aigus, généralement mortels en moins d'un an, et des formes plus chroniques dont le taux de mortalité serait moins élevé.

La transformation en leucémie aiguë est possible.

Traitement des aplasies médullaires

  1. Suppression de l'agent causal :
    La suppression d'une exposition aux radiations ionisantes ou à l'agent toxique incriminé paraît évidemment indispensable mais on doit se faire peu d'illusions quant à l'efficacité de cette mesure thérapeutique. On a signalé quelques succès après ablation d'une tumeur du thymus.
  2. Thérapeutique substitutive :
    1. Transfusions de sang :
      Indispensables dans les cas graves, les transfusions sanguines devraient être espacées tant que possible. Les transfusions sanguines répétées, outre leur coût, comportent un certain nombre d'inconvénients d'ordre médical.
      • Elles ont un effet inhibiteur sur l'érythropoïèse déjà déficitaire, en enlevant à la moelle le stimulus de l'hypoxie. De ce fait il devient impossible de cesser cette thérapeutique substitutive une fois qu'elle a été instaurée et on se voit rapidement obligé de multiplier la fréquence des transfusions.
      • Il y a le risque cumulatif de transmettre au malade l'hépatite à virus.
      • On peut s'attendre, au bout d'un certain nombre de transfusions, à voir surgir une immunisation contre les antigènes des globules de certains donneurs ainsi que contre certaines protéines sériques (notamment les immunoglobulines et les lipoprotéines de basse densité qui sont l'objet d'un polymorphysme génétique complexe) : d'où le risque d'accidents transfusionnels.
      • Enfin il y a la perspective inévitable de créer à longue échéance une hémochromatose transfusionnelle. Celle-ci à son tour apporte un frein à l'érythropoïse et surtout elle fragilise le malade à toutes les cause de collapsus circulatoire. Cet hémochromatose secondaire est justiciable d'un traitement prophylactique à la desferrioxamine (Desferal). Ces remarques sur les inconvénients de la transfusion sanguine sont valables pour toutes les anémies chroniques réfractaires (an. sidéro-achestiques, thalassémie, etc...).
    2. Traitement des complications infectieuses :
      Nous ne possédons aucune thérapeutique substitutive valable pour remédier à la granulocytopénie, si ce n'est l'antibiothérapie.
      • Pour la prophylaxie des infections la préférence va à la pénicilline.
      • Pour le traitement d'une infection constituée il faudra commencer par la pénicilline et/ou les tétracyclines, et ensuite se fier à l'antibiogramme. On se souviendra de la fréquence des infections générales à des germes normalement inoffensifs (Monilias, Pseudomonas).
    3. Traitement des complications hémorragiques :
      Le seul traitement valable consiste en une transfusion de plaquettes. (Voir les principes thérapeutiques des thrombocytopénies).
  3. Traitement médicamenteux : la testostérone [réf. nécessaire]:
    Il a été découvert que la testostérone, administrée à doses massives et de façon prolongée, permet d'obtenir dans un certain nombre de cas (50%?) d'anémie aplasique, une rémission hématologique que l'on peut parfois espérer définitive et qui portent sur les 3 lignées médullaires. Le mécanisme d'action de la testostérone reste obscur. Cette thérapeutique à dose massive entraîne inévitablement des effets virilisants majeurs chez l'enfant et la femme. Plus regrettable encore est l'arrêt de croissance provenant de la soudure prématurée des cartilages de conjugaison. La réponse hématologique, dans les cas où elle survient, met plusieurs mois à se développer et s'annonce par une lente montée du taux des réticulocytes.[1]

Notes et références

  1. Les anabolisants ne peuvent remplacer la testostérone car l'effet bénéfique de celle-ci provient de son effet virilisant et non de son effet anabolisant.
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