Prison Saint-Michel

Prison Saint-Michel
Castelet de la Prison Saint-Michel

La prison Saint-Michel est un bâtiment toulousain se situant au 18bis de la Grande rue Saint-Michel sur l'ancienne route qui reliait Toulouse à Carcassonne, soit actuellement la Grande rue Saint-Michel dans le quartier Saint-Michel.

Sommaire

Historique

Origine

Cette prison aux allures extérieures de château fort du Moyen Âge a été conçue par l'architecte départemental Jacques Esquié en 1855, sous le règne de Napoléon III[1] sous le nom de la "maison d'arrêt, de justice et de correction pour hommes" dans le faubourg de Saint-Michel. Elle est construite de 1862 à 1869 par le département pour une somme de 800 000 frcs et pour une capacité de 400 détenus[1]. Suite à la guerre franco-prussienne, la prison Saint-Michel est d'abord utilisée comme hôpital et les premiers détenus arrivent seulement en 1872, notamment des femmes où un quartier leur est spécialement dédié en 1869. Jacques Esquié a présenté un mémoire sur les nouvelles prisons à l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse en 1868.

Seconde Guerre Mondiale et la résistance

Cette prison ne laisse guère indifférent, surtout quand on sait qu'André Malraux (écrivain et résistant), chef des maquis du Lot sous le nom du Colonel Berger dans la clandestinité, y séjourna en attendant la libération de la ville lors de la Seconde Guerre mondiale. Il s'échappe grâce au coup de force des frères Angel sous les ordres de Jean-Pierre Vernant la veille de la date prévue pour le transfert de Malraux en Allemagne.

Durant la première quinzaine de juillet 1940 a séjourné Herschel Grynszpan l'assassin du conseiller d'ambassade Ernst vom Rath le 7 novembre 1938.

Pendant l'occupation nazie, de nombreux résistants y furent détenus, condamnés à mort et exécutés, comme Marcel Langer, chef de la 35e brigade des FTP-MOI, condamné à mort par la justice de Vichy et guillotiné dans la prison de Saint-Michel le 27 juillet 1943, Conchita Ramos, Maurice Fontvieille, Sylvain Dauriac, Angèle Bettini, Raymond Naves, Alice Koquine, François Verdier, Jean Durand, Marcelle Fontès et beaucoup d'autres. Le 19 août 1944, les femmes des détenus forcent les portes de la prison et les libèrent, un épisode marquant de la libération de la ville.

Suite et fermeture progressive

Depuis le début des années 1980, les détenus en semi-liberté sont accueillis dans le couvent mitoyen des Lazaristes. En 2000, le ministère de la Justice programme le transfert des détenus vers la maison d'arrêt de Seysses et le (centre de détention de Muret). En 2001, l'explosion de l'usine AZF endommage le couvent. Les prisonniers en semi-liberté déménagent dans l'ancien quartier des femmes.

Le 27 janvier 2003, les 528 détenus de la maison d'arrêt au 18bis Grande rue Saint-Michel sont transférés à la nouvelle Maison d'arrêt à Seysses. Seul le Centre de semi-liberté reste sur place. Les 30 derniers détenus ont déménagé à Seysses en octobre 2009.

Devenir du bâtiment

Mais le devenir du bâtiment semble poser problème car l'État pourrait vendre l'édifice aux enchères. La mairie toulousaine souhaitait acquérir le bâtiment. En 2002, l'État s'était engagé à céder la prison à la ville pour un prix de 750 000 €. En 2010, le gouvernement semble s'être ravisé. Les partisans de sa conservation et réhabilitation en équipement public demandent qu'elle soit protégée au titre des bâtiments historiques[2]. Le Ministère de la culture indique que l'ancienne maison d'arrêt Saint-Michel, "de par son architecture et son insertion dans le tissu urbain, est un témoignage quasi unique de l'histoire des prisons"[3].

Le 28 janvier 2011, la Commission régionale de la protection des sites (CRPS) s'est prononcée pour la protection du castelet et de la cour d'honneur dite cour des fusillés (la proposition de protection du propriétaire, i.e. du Ministère de la justice), mais elle a été empêchée de donner un avis sur la protection de l'ensemble comprenant la rotonde et ses cinq branches, demandée par des associations de quartier et d'anciens résistants, ainsi que par 10 808 pétitionnaires (un "avis sous la contrainte"[4] selon La Dépêche du Midi). Dès le 31 janvier, le préfet a annoncé l'inscription aux Monuments historiques du castelet d'entrée, de la cour d'honneur et des bâtiments qui la bordent. Il propose à la Ville de Toulouse de lui céder cette partie inscrite (environ 2 000 m² au sol) à l'euro symbolique et le reste dont la rotonde et des branches (environ 15 000 m² au sol) à 11,3 millions d'euros. La mairie a deux mois pour répondre, alors que les conditions de sa protection partielle font polémique[5]. La Comité de quartier Saint-Michel a demandé au préfet de région de convoquer une nouvelle réunion la CRPS pour qu'elle puisse enfin voter un avis sur la protection à donner à cet ensemble monumental. La rénovation du bati délabrée est estimée à 40 millions €[6].

Architecture

Sa situation géographique, au centre de la rue Saint-Michel et sa conception architecturale en étoile, font de ce bâtiment une bâtisse symbole du patrimoine toulousain. La superficie totale du bâtiment est de 19 400 m².

  • Face à la rue Saint-Michel se trouve l'entrée qui est constituée d'un fortin en briques rouges dit castelet avec ses deux tours crénelées[7].
  • Juste derrière se trouve une cour d'honneur dite "Cour des fusillés"[8].
  • Encore derrière se trouve l'ancienne prison en elle-même avec une architecture dite "Philadelphienne". Le bâtiment est axé autour d'une rotonde sur laquelle s'étirent les cinq branches en étoile sur trois niveaux sur 15 000 m²[8]. L'aile numéro trois au premier niveau était destinée aux cellules disciplinaires. Le bâti est très délabré.

Mystére des ossements de la prison Saint Michel

Un ancien détenu, Cyprien Elix, et quatre autres détenus s'échappent de la prison dans la nuit du 2 au 3 août 1978 par un tunnel. En creusant, les détenus affirment avoir trouvé des souterrains aménagés par l'occupant allemand durant la 2éme Guerre Mondiale et une fosse de cinq ou six crânes et d'ossements humains calcinés. Elix est repris quelques jours après et prévient l'administration de sa découverte. Rien ne se passe jusqu'en 2004, où Monique Dellatre-Attia, fille de Jean Dellattre, résistant disparu le 17 août 1944, apprend l'existence de cette légende et de Cyprien Elix. En 2008, elle le retrouve. Et en 2009, Cyprien Elix, malade accepte de montrer l'emplacement du tunnel. L'ancien évadé décède en septembre 2009. Mme Dellatre-Attia par le biais du sénateur socialiste Mirassou a demandé à la chancellerie toulousaine d'ordonner une expertise de ces restes[9].

Images d'une prison

Peu d'artistes ou de photographes ont pu réaliser des images de cette prison. En 2003, des photographies ont été commanditées par la DRAC auprès de Dominique Delpoux (Agence Vu) et par la Ville de Toulouse auprès de l'artiste, Chantal Vey. Marc Le Flour a fait un reportage en 2004 tandis que Frédérique Gaillard a photographié la prison après sa fermeture.

Voir aussi

Notes et références



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Prison Saint-Michel de Wikipédia en français (auteurs)

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